vendredi 30 juin 2017

1998 : le maillot MERCATONE UNO de Marco Pantani


La chaîne italienne de supermarchés Mercatone Uno s'engage dans le cyclisme en 1997 en s'associant au mythique fabricant de cycles Bianchi et surtout en choisissant comme leader Marco Pantani, l'un des meilleurs grimpeurs de sa génération. Dès sa première participation au Tour de France en 1994, l'homme de Césena remporte le classement du meilleur jeune et se hisse sur la troisième marche du podium final à Paris au côté de Miguel Indurain. Déjà, sa voie semble toute tracée et cousue de fil d'or... En 1998, Marco Pantani se présente au départ de la Grande Boucle auréolé d'un succès dans le Tour d'Italie. C'est donc sans pression qu'il aborde le grand rendez-vous de juillet que tous les suiveurs promettent déjà au puissant allemand Jan Ullrich. La messe semble dite dès la 7ème étape, un contre-la-montre couru en Corrèze. Quelques jours plus tard, la victoire d'étape de Marco Pantani au sommet du plateau de Beille apparaît pour beaucoup comme un lot de consolation. Pourtant le coureur romagol n'abdique pas : "Je suis le meilleur grimpeur au monde et je peux larguer qui je veux quand je veux dans un col" affirme-t-il alors. Ses paroles prennent l'allure d'une prophétie quant, le 27 juillet, il se lance seul à l'attaque dans le col du Galibier dans son style caractéristique, les mains en bas du guidon. En véritable sprinter des cimes, il se joue des éléments et, en particulier, de la pluie qui s'abat violemment sur le parcours. A l'arrivée aux Deux-Alpes, Jan Ullrich en perdition lui cède près de dix minutes et le maillot jaune. Par cet exploit, Marco Pantani entre dans la légende du Tour de France. Son doublé Giro-Tour n'a jamais été égalé depuis, même si l'on sait, à posteriori dans quelles conditions ces victoires furent acquises... Rattrapé par les affaires de dopage, progressivement mis au ban par un milieu qui ne reconnaît pas son génie, Marco Pantani sombre dans une profonde dépression. Il meurt le 14 février 2004 dans une chambre d'hôtel de Rimini, vraisemblablement d'une overdose de cocaïne...

MERCATONE UNO sur le Tour de France 1998 :

2 victoires d'étapes (Marco Pantani), 1er au classement final (Marco Pantani), 2ème au classement de la Montagne (Marco Pantani)



vendredi 23 juin 2017

1991 : le maillot ARIOSTEA de Moreno Argentin


Parmi les directeurs sportifs qui ont marqué le cyclisme italien, il y en a un qui demeure inclassable : Giancarlo Ferreti. Ancien coureur professionnel dans les années 70, l'homme s'est avant tout fait un nom dans le milieu en révélant de grands talents et en faisant cohabiter au sein de ses formations des coureurs astreints à une discipline de fer. L'équipe Ariostea constitue sans doute le plus bel exemple de cette réussite. En 1991, le maillot rouge et jaune est omniprésent sur les podiums du Tour de France. Si le danois Rolf Sorensen, victime d'une fracture de la clavicule, a du quitter la course au soir de la 5ème étape alors qu'il portait le maillot jaune, ses équipiers vont néanmoins forcer la chance sur les routes du sud de la France. En l'espace de trois jours, ils vont réaliser l'exploit de remporter trois victoires d'étape d'affilée. La plus belle d'entre elles est l'oeuvre de Moreno Argentin. Ancien champion du monde, le coureur italien est auréolé d'une belle réputation de coureur de classiques ayant réalisé, au printemps, un retentissant doublé Flèche Wallonne - Liège Bastogne Liège. Entre Albi et Alès, il trouve un terrain à sa convenance lui rappelant les côtes des Ardennes belges. A 70 kilomètres de l'arrivée, défiant la canicule qui s'est abattue sur la course, il se lance dans une offensive solitaire jugée un peu folle par les suiveurs. Pourtant, il porte rapidement son avance à près de 3 minutes. Malgré les nombreuses contre-attaques qui secouent le peloton, son coup de pédale demeure fluide jusqu'à l'arrivée, au pied des Cévennes, où il remporte l'une des plus belles victoires de sa carrière...

ARIOSTEA sur le Tour de France 1991 :

4 victoires d'étapes (Contre la montre par équipes, Moreno Argentin, Bruno Cenghialta, Marco Lietti), 29ème au classement final (Roberto Conti)



dimanche 18 juin 2017

2015 : le maillot KATUSHA de Joaquim Rodriguez


En 2009, avec l'appui du groupe industriel Itera, le gouvernement russe décide de s'investir dans l'aventure du cyclisme professionnel. Le nom de baptême choisi pour la nouvelle formation, dont la direction est assurée par l'ancien spécialistes des classiques Andrei Tchmil, renvoie au souvenir des lance-roquettes de l'armée rouge durant la Seconde Guerre Mondiale. Afin d'exacerber le caractère patriotique de cette opération, on choisit également de faire figurer la silhouette du Kremlin sur le maillot porté par les coursiers. Côté effectif, aux cyclistes russes se mêlent des mercenaires venus de l'étranger comme l'italien Pozzato ou le belge Steegmans. C'est néanmoins avec l'espagnol Joaquim Rodriguez que l'équipe moscovite connaîtra ses plus beaux résultats. Vainqueur de classiques comme la Flèche Wallonne ou le Tour de Lombardie, le coureur originaire de Barcelone monte sur le podium du Tour de France en 2013, en décrochant une honorable troisième place derrière Chris Froome et Nairo Quintana. Deux ans plus tard, celui que le peloton surnomme "Purito" décide de privilégier le spectacle au détriment d'une bonne place au classement général. Déjà vainqueur en début d'épreuve au sommet du Mur de Huy, il décide volontairement de perdre du temps afin d'acquérir la liberté nécessaire pour un exploit dans les Pyrénées. Son calcul s'avère payant : lors de la 12ème étape, il prend place dans une échappée au long cours qui trompe la vigilance des grands favoris. Parvenu au pied de l’ascension finale, Rodriguez profite de l'orage qui éclate et de la présence massive des supporters espagnols, acquis à sa cause, pour lâcher le français Romain Bardet et le danois Jakob Fuglsang. Au sommet du plateau de Beille, dans des conditions dantesques, il s'en va quérir l'un des plus beaux succès de sa carrière...

KATUSHA sur le Tour de France 2015 :

2 victoires d'étapes (Joaquim Rodriguez), 29ème au classement final (Joaquim Rodriguez)


dimanche 11 juin 2017

1996 : le maillot GEWISS d'Evgueni Berzin


En 1994, dès sa première saison dans le peloton professionnel, le maillot bleu ciel de l'équipe italienne Gewiss marque les esprits par le retentissant triplé de ses coureurs, Argentin, Furlan et Berzin, qui accaparent les marches du podium de la Flèche Wallonne. La présence dans le staff technique du sulfureux docteur Ferrari n'est pas étrangère à ce prodige, comme à la révélation soudaine du jeune coureur russe issu de la prestigieuse école de cyclisme sur piste de Leningrad (actuelle Saint-Petersbourg). Quelques jours plus tard, Evgueni Berzin remporte Liège-Bastogne-Liège, la doyenne des classiques, avant de s'imposer au classement final du Tour d'Italie au nez et à la barbe du grand favori, l'espagnol Miguel Indurain. Doté de qualités de rouleur et de grimpeur, le natif de Vyborg attend 1996 pour se lancer au départ de la Grande Boucle. Au soir du premier grand rendez-vous de la course, au sommet de la station des Arcs, il endosse la maillot jaune de leader. Le lendemain, il confirme son statut de grandissime favori à la victoire finale à Paris en remportant le sélectif contre la montre de Val d'Isère. Ce ne sera que feu de paille. Dépossédé de la tunique de leader par le danois Bjarne Riis sur la route de Sestrières, Evgueni Berzin s'écroulera totalement dans les Pyrénées avant d'achever la course à une anecdotique 20ème place. Plus jamais, il ne brillera au haut niveau. Il mettra fin à sa carrière en 2001, non sans avoir déclaré : "J'aime la compétition, mais je n'ai jamais aimé m'entraîner." Triste constat du parcours atypique d'un talent gâché par le dopage et le dilettantisme...

GEWISS sur le Tour de France 1996 :

1 victoire d'étape (Evgueni Berzin), 20ème place au classement final (Evgueni Berzin)


samedi 3 juin 2017

2010 : le maillot GARMIN de Ryder Hesjedal


Au début de la saison 2007, dans un climat terni par les affaires de dopage à répétition dont celle qui a abouti au déclassement du dernier lauréat du Tour de France Floyd Landis, un souffle d'air frais semble provenir des Etats-Unis. L'ancien coureur américain Jonathan Vaugthers lance sa structure sportive en s'appuyant sur un discours de fermeté vis à vis des pratiques déviantes d'une partie du peloton professionnel. Adoptant une esthétique élégante renvoyant aux motifs losangés d'un chandail aux couleurs dominantes bleu et orange, le maillot de la formation devient bientôt le support de communication de la marque Garmin. Lors de la Grande Boucle 2010, les hommes dirigés par Vaugthers font faire preuve d'une belle régularité aux avant-postes de la course. Le sprinter maison Tyler Farrar est l'adversaire principal du britannique Mark Cavendish lors des arrivées massives, tandis que le canadien Ryder Hesjedal va finir 8ème dans la station des Rousses et 4ème au sommet du col du Tourmalet, révélant ainsi ses qualités en haute montagne. Sans pouvoir réellement s'opposer aux cadors de la course, Andy Schleck et Alberto Contador, l'ancien vice-champion du monde de VTT s'en va néanmoins décrocher une belle place dans le top 10 à Paris. Deux ans plus tard, il connaîtra la consécration de sa carrière en s'imposant au classement final du Tour d’Italie, devenant ainsi le premier canadien à remporter un grand tour.

GARMIN sur le Tour de France 2010 :

7ème au classement final (Ryder Hesjedal)