vendredi 27 juillet 2018

1994 : le maillot ZG MOBILI de Nelson Rodriguez


Inspirés par l'exemple de la réussite de Luis Herrera et de Fabio Parra sur les routes du Tour de France, de nombreux cyclistes de nationalité colombienne franchissent le pas du professionnalisme dans des équipes européennes au tournant des années 80-90. C'est le cas en particulier de Nelson Rodriguez qui s'engage avec la formation espagnole Kelme lors de la saison 1989. Le natif de Manizalès incarne l'archétype du petit grimpeur des Andes : son gabarit léger (1,60 m pour 50 kg) lui permet de disposer d'un avantage conséquent lors des ascensions longues et pentues. Mais son défaut de puissance en plaine lui vaut de retourner prématurément au pays. Après l'avoir vu briller dans son tour national et au tour de Tachira, le manager italien Gianni Savio lui redonne sa chance en lui offrant un contrat dans les rangs de l'équipe ZG Mobili au sein de laquelle militent les vétérans Giancarlo Perini et Massimo Ghirotto. Au côté des anciens de la Carrera, celui que le peloton surnomme "Cacaïto" au regard de son teint basané va faire des merveilles. En 1994, nanti d'une prometteuse 6ème place au classement final du Tour d'Italie, Nelson Rodriguez se présente au départ de la Grande Boucle avec l'objectif  d'aller décrocher une victoire d'étape en montagne. Après un début de course chaotique marqué par les séquelles d'une chute, Nelson Rodriguez se ressaisit dans les Alpes. Lors de la 17ème étape, entre Bourg d'Oisans et Val Thorens, il exploite une attaque conjointe de Bjarne Riis et Piotr Ugrumov dans le col de la Madeleine pour se porter en tête de la course. A l'abri dans les roues des coureurs de la Gewiss, le petit colombien attend sagement son heure. Dans l’ascension finale, abordée avec 5 minutes d'avance sur le peloton grâce au travail du solide rouleur danois, Rodriguez s'accroche au train d'enfer imprimé par Ugrumov. A l'arrivée, il fait parler sa fraîcheur et s'impose facilement au sprint face à son rival letton. La tribune de presse résonne alors des commentaires enthousiastes des radio-reporters colombiens qui saluent le héros du jour qui, en ce 20 juillet, vient de remporter la seule victoire de sa carrière sur le circuit européen...

ZG MOBILI sur le Tour de France 1994 :

141 Massimo GHIROTTO (Ita) 142 Fabio CASARTELLI (Ita) 143 Stefano COLAGE (Ita)
144 Fabio FONTANELLI (Ita) 145 Giancarlo PERINI (Ita) 146 Davide PERONA (Ita)
147 Hendrik REDANT (Bel) 148 Nelson RODRIGUEZ (Col) 149 Mauro SANTAROMITA (Ita)

1 victoire d'étape : Nelson RODRIGUEZ (17ème étape)
Meilleur coureur classé au général final : Nelson RODRIGUEZ (16ème)



jeudi 19 juillet 2018

2002 : le maillot RABOBANK de Michael Boogerd


Le 24 juillet 2002, à l'issue de la 16ème étape du Tour de France qui s'achève dans la station alpine de La Plagne, c'est un coureur épuisé mais heureux qui s'impose sur la ligne. Arborant un large sourire, le blond néerlandais Michael Boogerd vient de réaliser un authentique exploit athlétique en conduisant à son terme un raid solitaire en montagne de 85 kilomètres. A l'attaque à la sortie de Valloire, le natif de La Haye a accepté le renfort de quelques hommes dans la vallée de la Maurienne avant de s'isoler sur les premières pentes du col de la Madeleine. D'une pédalée efficace, il creuse alors régulièrement l'écart sur un peloton conduit par la formation US Postal. Crédité d'un avantage de sept minutes d'avance au pied de ascension finale, Boogerd doit néanmoins s'employer dans les derniers kilomètres pour résister au retour fulgurant du maillot jaune Lance Armstrong accompagné du seul Carlos Sastre. Mais, au final, le "patron" du peloton ne pourra rejoindre le leader de l'équipe Rabobank, vainqueur de sa deuxième étape sur la Grande Boucle après un premier succès à Aix-les-Bains en 1996. Sur le podium de La Plagne, Michael Boogerd peut laisser éclater sa joie après ce succès d'envergure venant couronner une carrière riche d’accessits (5ème du Tour de France 1998) ou de grandes victoires (champion des Pays-Bas 1997 et 1998, Paris-Nice 1999). On notera par ailleurs que c'est dans l'Amstel Gold Race qu'il fût noté le plus souvent à son avantage. En effet, en dix participations, il monta sept fois sur le podium, notamment en 1999 à l'occasion d'un succès remporté au sprint devant... Lance Armstrong ! Retiré du monde du cyclisme, Boogerd s'investit dorénavant pleinement dans le patinage artistique, participant notamment à des tournées spectacles. On regrettera cependant qu'en 2013, il avoua s'être dopé tout au long de sa carrière à l'EPO et à la cortisone...

RABOBANK sur le Tour de France 2002 :

101 Levi LEIPHEIMER (Usa) 102 Michael BOOGERD (P-B) 103 Bram DE GROOT (P-B)
104 Erik DEKKER (P-B) 105 Addy ENGELS (P-B) 106 Karsten KROON (P-B)
107 Grischa NIERMANN (All) 108 Marc WAUTERS (Bel) 109 Beat ZBERG (Sui)

2 victoires d'étapes : Karsten KROON (8ème étape), Michael BOOGERD (16ème étape)
Meilleur coureur classé au général final : Levi LEIPHEIMER (8ème)




lundi 9 juillet 2018

1991 : le maillot RMO de Charly Mottet


Révélé en 1984 à l'âge de 21 ans sur les routes du Tour de l'Avenir au cours duquel il remporte trois étapes avec brio avant de s'imposer au classement final, le coureur drômois Charly Mottet s'impose rapidement comme l'un des acteurs majeurs de la Grande Boucle. Petit gabarit mais doté de solides qualités de rouleur qui lui permettront triompher par trois fois dans le Grand Prix des Nations, le protégé de Cyrille Guimard endosse pour la première fois le maillot jaune du Tour de France à Poitiers lors de l'édition 1987. Appuyé par Laurent Fignon qui officie à l'occasion comme coéquipier de luxe, il marque cependant le pas dans la traversée des Alpes et échoue au pied du podium final à Paris. Deux ans plus tard, il décide de rejoindre la formation RMO de Marc Braillon afin d'assumer seul le rôle de leader d'équipe. Son début de saison retentissant lui permet alors de prendre la place de numéro un mondial détenue pendant de longues années par l'Irlandais Sean Kelly. Mais en juillet, une modeste sixième place, bien en deçà de son nouveau standing, vient mettre un coup d'arrêt à ses ambitions de victoire finale dans la Grande Boucle. Dès lors, Charly Mottet se transforme progressivement en homme de coups d'éclat ponctuels mais retentissants. En 1991, au départ de Lyon, il affirme ne plus vouloir jouer le classement général et évoluer sans pression dans une formation au sein de laquelle l'a rejoint son ancien coéquipier de l'équipe Renault, Marc Madiot. Au soir de la 11ème étape, il sabre déjà le champagne après avoir remporté dans les rues de Saint-Herblain, près de Nantes, un beau succès en finisseur au nez et à la barbe des sprinteurs. Le meilleur reste encore à venir : après la journée de repos, on le retrouve de nouveau à l'avant de la course, cette fois-ci en montagne dans un registre différent. Accompagnant l'offensive du Suisse Pascal Richard et de son jeune compatriote Luc Leblanc sur les pentes du col du Soudet, il bascule vers l'Espagne avec les deux hommes avant de les régler au sprint à l'arrivée de Jaca. Seulement devancé à Paris par les tenants de la nouvelle génération (Indurain, Bugno et Chiapucci), Mottet clôturera de la plus belle des manières par une 4ème place au classement final son histoire avec la Grande Boucle. Il y reviendra encore trois fois jusqu'à la fin de sa carrière mais dans un relatif anonymat. Aujourd'hui, il laisse le souvenir de l'un des plus beaux palmarès du cyclisme français avec ses succès dans des courses par étapes comme le critérium du Dauphiné Libéré (1987, 1989, 1992) ou dans les classiques comme le Tour de Lombardie (1988).

RMO sur le Tour de France 1991 :

131 Charly MOTTET (Fra) 132 Eric CARITOUX (Fra) 133 Thierry CLAVEYROLAT (Fra)
134 Thierry LAURENT (Fra) 135 Pascal LINO (Fra) 136 Marc MADIOT (Fra)
137 Yvon MADIOT (Fra) 138 Mauro RIBEIRO (Bre) 139 Michel VERMOTE (Bel)

4 victoires d'étapes : Mauro RIBEIRO (9ème étape), Charly MOTTET (11ème et 12ème étapes), Thierry CLAVEYROLAT (18ème étape)
Meilleur coureur classé au général final : Charly MOTTET (4ème)
Classement de la Montagne : Thierry CLAVEYROLAT (2ème)