vendredi 14 septembre 2018

1990 : le maillot ALFA LUM de Dimitri Konyshev


Natif de Gorki, Dimitri Konyshev, tout juste âgé de 20 ans, fait briller haut les couleurs soviétiques en terre américaine en s'imposant dans une étape de la Coors Classic en 1986. Un an plus tard, le phénomène au maillot rouge frappé de la faucille et du marteau débarque en Europe de l'ouest. Il s'adjuge alors sans contestation deux épreuves montagneuses, le Tour d'Autriche et le Tour des Régions Italiennes qu'il écrase de toute sa classe avec trois victoires d'étapes. Aussi, lorsqu'en 1989 profitant d'un contexte politique favorable à l'ouverture, les autorités sportives soviétiques s'ouvrent au monde du professionnalisme, Konyshev est-il naturellement de l'aventure. En l'espace de quelques mois, il éclipse totalement Soukhoroutchenkov, ancien champion olympique et star vieillissante incapable de se fondre dans le peloton européen. Médaillé d'argent du mondial de Chambéry, Dimitri Konyshev remporte également cette année là la Coppa Agostini et le Tour d'Emilie, deux semi-classiques italiennes de fin de saison. En juillet 1990, son équipe, battant pavillon de San Marin, se présente comme l'attraction de la Grande Boucle. Leader désigné de la formation Alfa Lum, Konyshev y côtoie notamment des coureurs comme Abdoujaparov ou Ugrumov qui ne tarderont pas non plus à faire parler d'eux. Pour l'heure, lors de la 17ème étape, le jeune champion soviétique se glisse dans une échappée fleuve de 19 hommes formée à la sortie de Lourdes. Par delà les cols d'Aubisque et de Marie-Blanque, il maintient le contact avec les grimpeurs tout au long de la journée. A 23 kilomètres de l'arrivée, dans la côte de Soust, il est même le seul à réagir à une attaque du Belge Johan Bruyneel. Les deux hommes collaborent franchement jusqu'à la ligne, pour éviter notamment le retour du Canadien Steve Bauer, parti en contre. Le sprint n'est qu'une formalité pour Konyshev qui s'impose facilement à Pau devant son concurrent. Ce 18 juillet 1990, il entre dans l'Histoire du Tour de France comme le premier vainqueur d'étape soviétique sur l'épreuve. Il reviendra briller sur les routes françaises, notamment en 1991 où il glanera deux succès sous la casaque hollandaise TVM. Par la suite, passant d'une équipe italienne à une autre, Dimitri Konyshev s'abandonnera peu à peu à la dolce vita. On le verra décrocher des succès d'étapes dans les trois grands tours ainsi que des accessits dans les grandes classiques, mais on pourra légitimement regretter l'absence à son palmarès d'une victoire de prestige à la hauteur de son talent...

ALFA LUM sur le Tour de France 1990 :

211 Dimitri KONYSHEV (Urs) 212 Djamolidine ABDOUJAPAROV (Urs)
213 Nikolaï GOLOVATENKO (Urs) 214 Ivan IVANOV (Urs) 215 Vassili JDANOV (Urs)
216 Asiate SAITOV (Urs) 217 Alexandre TROUBINE (Urs) 218 Piotr UGRUMOV (Rus)
219 Sergueï USLAMINE (Urs)

1 victoire d'étape : Dimitri KONYSHEV (17ème étape)
Meilleur coureur au classement général final : Dimitri KONYSHEV (25ème)



mardi 4 septembre 2018

1999 : le maillot CANTINA TOLLO de Gianpaolo Mondini


Épreuve sportive marquée par les exploits mythiques des plus grands champions, le Tour de France offre également parfois l'opportunité aux coureurs plus modestes de se distinguer. A l'occasion d'un jour de grâce ou d'une opportunité judicieusement saisie, certains s'en vont ainsi cueillir le bouquet qui couronnera leur carrière. En 1999, Gianpaolo Mondini, solide rouleur âgé de 27 ans, prend part pour la première fois à la Grande Boucle au sein de l'équipe italienne Cantina Tollo, parrainée par un négociant de vins. Doté d'une belle pointe de vitesse qui lui a permis d'accrocher quelques succès au Tour de Suède et au Tour de Pologne, le citoyen de Faenza en Romagne reçoit pour mission d'ouvrir la route pour son sprinter maison, Nicola Minali. Mais ce dernier doit quitter la route au départ de la 9ème étape. Dès lors, Mondini va jouer sa propre carte. Présent à l'occasion de sprints massifs, il va trouver l'ouverture à l'occasion de la 18ème étape s'achevant au Futuroscope. Profitant de l'apathie des favoris du classement général qui s'économisent en prévision du contre-la-montre du lendemain, treize hommes prennent l'avantage à une cinquantaine de kilomètres de l'arrivée. Mondini se fait alors très discret dans un groupe qui compte tout de même quelques pointures comme Stefano Garzelli, Alexandre Vinokourov ou Jean-Cyril Robin. Opportunément, il tente sa chance en démarrant à cinq kilomètres de l'arrivée. Son fort beau gabarit (1,91 m pour 81 kg) se joue des routes planes du final et c'est avec 8 secondes d'avance qu'il se présente sous la flamme rouge. Sans se désunir, il s'en va cueillir sur la ligne d'arrivée un succès pour le moins inespéré. En effet, sans le contrôle positif de l'Ukrainien Honchar au Tour de Suisse et la disqualification de son équipe Vini Caldirola, Cantina Tollo n'aurait pas pris part au Tour de France, privant ainsi Gianpaolo Mondini du plus beau moment de sa carrière.

CANTINA TOLLO sur le Tour de France 1999 :

171 Bo HAMBURGER (Dan) 172 Alessandro BARONTI (Ita) 173 Gabriele COLOMBO (Ita)
174 Moreno DI BIASE (Ita) 175 Massimo GIUNTI (Ita) 176 Marcus LJUNQVIST (Sue)
177 Luca MAZZANTI (Ita) 178 Nicola MINALI (Ita) 179 Gianpaolo MONDINI (Ita)

1 victoire d'étape : Gianpaolo MONDINI (18ème étape)
Meilleur coureur classé au général final : Gianpaolo MONDINI (81ème)