mardi 29 mai 2018

1994 : le maillot MAPEI-CLAS de Tony Rominger


Passé professionnel sur le tard à l'âge de 25 ans, Tony Rominger montre rapidement des dispositions pour le contre la montre. En 1986, lors de sa première saison parmi l'élite, il décroche ainsi une belle 5ème place lors du Grand Prix des Nations. Par la suite, ses capacités de récupération, alliés à un style de pédalage tout en force, lui permettent de remporter des succès d'estime dans les courses par étapes d'une semaine : ainsi, après avoir inscrit son nom au palmarès de Tirreno-Adriatico en 1990, le rouleur suisse s'impose au classement final de Paris-Nice un an plus tard. Stakhanoviste de l'entraînement, il décide de donner une nouvelle orientation à sa carrière en se concentrant sur les grands tours. Ce choix judicieux va lui permettre de réaliser une série inédite en s'imposant trois années de suite sur les routes du Tour d'Espagne (1992, 1993 et 1994). Son rêve ultime demeure alors de remporter le Tour de France, épreuve régentée depuis 1991 par l'Espagnol Miguel Indurain. Dauphin du champion navarrais en 1993, avec à la clé trois victoires d'étapes et le maillot de meilleur grimpeur, Tony Rominger s'élance un an plus tard au départ de la Grande Boucle avec les plus hautes ambitions : pour lui, à 33 ans, c'est l'année ou jamais. Là, on ne le verra jamais à son vrai niveau : dominé par son rival espagnol dans le chrono de Bergerac, il s'effondre dans les Pyrénées avant d'abandonner, malade et vidé de ses forces, sur la route d'Albi. "J'ai 13 victoires cette saison, mais celle que je désirais le plus m'échappe. J'aurais tout donné contre le maillot jaune, c'est la plus grosse déception de ma carrière..." témoigne-t-il avant de quitter la course. Il finira cependant sa saison nanti de la place enviée de numéro un mondial après être devenu recordman de l'heure (55,281km). Après un succès sur le Tour d'Italie (1995), il tentera encore par trois fois de s'imposer sur le Tour de France. En vain. Sa toute dernière expérience en 1997 se soldera par un abandon sur chute et une double fracture de la clavicule droite...

MAPEI-CLAS sur le Tour de France 1994 :

11 Tony ROMINGER (Sui) 12 Gianluca BORTOLAMI (Ita) 13 Frederico ECHAVE (Esp)
14 Nico EMONDS (Bel) 15 Fernando ESCARTIN (Esp) 16 Arsenio GONZALES (Esp)
17 Jorg MÜLLER (Sui) 18 Abraham OLANO (Esp) 19 Jon UNZAGA (Esp)

1 victoire d'étape : Gianluca BORTOLAMI (6ème étape)
Meilleur coureur classé au général final : Fernando ESCARTIN (12ème)




vendredi 18 mai 2018

1988 : le maillot CAFE DE COLOMBIA de Luis Herrera


Le début des années 80 marque les prémices d'une internationalisation du peloton cycliste : aux pionniers venus d'Australie ou des Etats-Unis viennent bientôt s'ajouter ceux provenant du continent sud-américain et, en particulier, les Colombiens. Précédés de leur réputation de grimpeurs ailés, les coureurs venus des Andes font leur apparition en Europe à l'occasion d'épreuves dites "open", ouvertes aux amateurs. C'est le cas de l'édition 1982 du Tour de l'Avenir qui voit la révélation au plus haut niveau d'un frêle escaladeur de 57 kg au teint basané tout juste âgé de 20 ans, Luis Herrera. Surnommé "le jardinier de Fusagusa" par ses compatriotes, il attendra encore deux ans avant de faire ses débuts dans le Tour de France. Il y remportera d'ailleurs une victoire de prestige au sommet de l'Alpe d'Huez après avoir arbitré le duel fratricide entre Fignon et Hinault. En 1985, il confirme ses prédispositions en étant le seul à tenir la dragée haute à Bernard Hinault dans la haute montagne et, surtout, en se parant du maillot à pois de meilleur grimpeur auquel viennent s'ajouter deux nouvelles victoires d'étapes. Ses faiblesses en contre-la-montre lui laissent cependant peu d'espoir de s'imposer au classement final d'un grand tour. Par le biais d'un travail spécifique, il va progressivement appréhender l'effort individuel, ce qui va lui permettre d'ajouter son nom au palmarès du Tour d'Espagne en 1987 et du critérium du Dauphiné Libéré en 1988. Cette même année, il apparaît donc comme l'un des favoris logiques de la Grande Boucle. Fort d'un chrono parfaitement négocié entre Liévin et Wasquehal, où il ne perd que 1'47" sur le vainqueur de l'étape, Herrera fait figure d'épouvantail avant d'aborder les Alpes. Là, il devra cependant s'effacer devant la domination de l'Espagnol Pedro Delgado. Jamais, "Lucho" Herrera ne remportera le Tour de France, d'autant plus qu'il mettra prématurément un terme à sa carrière en 1992, après être resté fidèle pendant plus de dix ans aux sponsors de son pays comme Café de Colombia et Postobon.

CAFE DE COLOMBIA sur le Tour de France 1988 :

41 Luis HERRERA (Col) 42 Samuel CABRERA (Col) 43 Julio-César CADENA (Col)
44 Henry CARDENAS (Col) 45 Edgar CORREDOR (Col) 46 Israel CORREDOR (Col)
47 Patrocinio JIMENEZ (Col) 48 Marco-Antonio LEON (Col) 49 Martin RAMIREZ (Col)

Aucune victoire d'étape.
Meilleur coureur classé au général final : Luis HERRERA (6ème)



mardi 8 mai 2018

2010 : le maillot ASTANA d'Alexandre Vinokourov


Tantôt héroïque, tantôt pathétique, le Kazakh Alexandre Vinokourov a marqué de son empreinte l'histoire de la Grande Boucle. Durant la première décennie du 21ème siècle, il alterne le meilleur et le pire entre un podium acquis de haute lutte en 2003 aux côtés d'Armstrong et Ullrich et une suspension pour dopage par transfusion homologue lors de l'édition 2007. Suspendu deux ans par les autorités de l'Union Cycliste Internationale, il réalise son retour dans le peloton professionnel à l'été 2009 dans l'équipe sponsorisée par le gouvernement de son pays. Partageant le leadership avec l'Espagnol Alberto Contador, il confirme, à presque 34 ans, son retour au premier plan en s'imposant dans la classique Liège-Bastogne-Liège 2010. Dans le Tour de France, le natif de Petropavlovsk évolue dans un rôle d'electron libre et en profite avec une science de la course consommée. Dans le final de la 13ème étape, disputée entre Rodez et Revel, il exploite parfaitement un temps mort en tête du peloton qui vient de rejoindre l'échappée du jour pour attaquer sèchement dans la côte de Saint-Férreol. Personne ne réagit à ce coup de force et, dix kilomètres plus loin, Vinokourov signe, par un succès, son grand retour dans la Grande Boucle. Il y reviendra encore l'année suivante, connaissant cependant la désillusion d'une chute dans la descente du Pas de Peyrol  lui occasionnant une fracture de la tête du fémur. Ayant annoncé la fin de sa carrière, il reviendra sur sa décision pour achever celle-ci par l'exploit d'un titre olympique acquis sur le circuit de Londres en 2012. Malgré ses démêlés avec le dopage, l'actuel manager de la formation Astana laisse le souvenir d'un coureur de tempérament, comptant à son palmarès des victoires prestigieuses comme le Dauphiné Libéré (1999), Paris-Nice (2002, 2003), l'Amstel Gold Race (2003), Liège-Bastogne-Liège (2005, 2010) ou le Tour d'Espagne (2006).

ASTANA sur le Tour de France 2010 :

1 Alberto CONTADOR (Esp) 2 David DE LA FUENTE (Esp) 3 Andriy GRIVKO (Ukr)
4 Jesus HERNANDEZ (Esp) 5 Maxim IGLINSKY (Kaz) 6 Daniel NAVARRO (Esp)
7 Benjamin NOVAL (Esp) 8 Paolo TIRALONGO (Ita) 9 Alexandre VINOKOUROV (Kaz)

1 victoire d'étape : Alexandre VINOKOUROV (13ème étape)
Meilleur coureur classé au général final : Alexandre VINOKOUROV (15ème). Alberto CONTADOR, vainqueur de l'édition, a été déchu de sa victoire pour dopage.