jeudi 21 décembre 2017

1990 : le maillot CASTORAMA de Thierry Marie


Au tournant des années 80 et 90, les designers de textiles cyclistes laissent pleinement s'exprimer leur imagination pour des résultats parfois très originaux. C'est le cas de la tunique de la formation Castorama, dont la fameuse salopette bleue renvoie naturellement à l'identité d'un sponsor spécialisé dans la vente du matériel de bricolage. Créée en 1990, l'équipe s'appuie sur la structure Maxi-sports dirigée par Cyrille Guimard et dispose en Laurent Fignon d'un solide leader capable de briguer la victoire sur le Tour de France. Mais cette année n'est pas celle du coureur parisien qui abandonne sans gloire en début d'épreuve sur les routes détrempées de Normandie. Les "Casto" se mettront cependant en évidence sur cette édition de la Grande Boucle, et ceci dès l’ouverture. Déjà vainqueur du prologue en 1986, Thierry Marie, qui vient de fêter ses 27 ans, récidive sur le circuit technique et balayé par le vent tracé autour du Futuroscope, près de Poitiers. A 48 km/h de moyenne, il devance de 4 secondes l'américain Greg Lemond qui prend d'ores et déjà date pour la victoire finale qu'il empochera trois semaines plus tard. En attendant, le sympathique rouleur normand au regard azur monte sur le podium pour revêtir le deuxième maillot jaune de sa carrière. Il récidivera l'année suivante où, après un nouveau succès dans le prologue, il marquera l'esprit des suiveurs en conduisant à terme une échappée en solitaire sur la distance de 234 kilomètres entre Arras et Le Havre. Véritable boute en train et figure emblématique du cyclisme français, Thierry Marie achèvera sa carrière en 1996 nanti de 67 victoires et après avoir également porté le maillot de leader sur le Giro et la Vuelta.

CASTORAMA sur le Tour de France 1990 :

11 Laurent FIGNON (Fra) 12 Vincent BARTEAU (Fra) 13 Christophe LAVAINNE (Fra)
14 Luc LEBLANC (Fra) 15 Thierry MARIE (Fra) 16 Fabrice PHILIPOT (Fra)
17 Bjarne RIIS (Dan) 18 Gérard RUE (Fra) 19 Pascal SIMON (Fra)

1 victoire d'étape (Thierry Marie), 14ème au classement final (Fabrice Philipot)


jeudi 7 décembre 2017

1998 : le maillot VITALICIO SEGUROS de Santiago Blanco


A la fin de la saison 1996, la retraite sportive de Miguel Indurain, quintuple vainqueur du Tour de France, plonge le cyclisme espagnol dans une phase de recherche effrénée de son potentiel successeur. Sacré champion national dans la catégorie des juniors et crédité d'une première saison professionnelle qui le voit briller sur les routes du Tour des Asturies ou de la Bicyclette Basque, le jeune Santiago Blanco se voit promis à un avenir radieux. Couvé par José-Miguel Echevarri au sein de la formation Banesto, il ne peut cependant pas résister aux sirènes du groupe Vitalicio Seguros qui, lors de sa création à l'hiver 97-98, lui promet un salaire de deux millions de francs par an ! Portant dorénavant la casaque rouge frappée du lion, emblème du du groupe Generali assurances, celui que l'on surnomme "patta negra" en référence au jambon noir produit dans sa région de Salamanque s'aligne au départ du Tour de France avec les ambitions d'un leader. La traversée des Pyrénées va néanmoins le renvoyer à la réalité de ses limites en haute montagne et le transformer en équipier de luxe de son compatriote Angel Casero qui s'est hissé dans le top 10 du classement général. Dans les remous de l'affaire Festina et des perquisitions policières qui bousculent le peloton, l'intégralité de la formation dirigée par Javier Minguez quittera bientôt la course au matin de la 18ème étape. Santiago Blanco tentera, après la dissolution de son équipe, de reprendre le cours de sa carrière là où il l'avait commencé mais sans le succès escompté. Il enlèvera cependant deux étapes de la Vuelta en 2001 et 2002 avant de mettre prématurément un terme à sa carrière à l'âge de 30 ans, en raison d'une endofibrose artérielle.

VITALICIO SEGUROS sur le Tour de France 1998 :

161 Santiago BLANCO (Esp) 162 Francisco BENITEZ (Esp)  163 Hernan BUENAHORA (Col)
164 Angel-Luis CASERO (Esp) 165 Andrea FERRIGATO (Ita) 166 David GARCIA (Esp)
167 Francisco GARCIA-RODRIGUEZ (Esp) 168 Prudencio INDURAIN (Esp)
169 Oliviero RINCON (Col)

Aucun coureur à l'arrivée à Paris. Abandon collectif au matin de la 18ème étape.


vendredi 1 décembre 2017

1989 : le maillot HITACHI de Claude Criquielion


Sacré champion du monde à Barcelone en 1984, le belge Claude Criquielion est à deux doigts de réaliser le doublé, quatre ans plus tard, sur le circuit de Renaix. Son rêve se brise néanmoins contre les barrières dans lesquelles il est littéralement balancé par le canadien Steve Bauer. Franchissant la ligne d'arrivée à pied, le coureur d'outre-Quiévrain devient, dès lors, le chouchou d'une grande partie du public qui voit en lui le vainqueur moral d'une course finalement remportée par l'italien Fondriest. Tout au long de l'année 1989, Criquielion reçoit de nombreux témoignages de sympathie qui, ajoutés à sa soif de revanche, en font un des acteurs principaux de la saison. Vainqueur de la Flèche Wallonne, il est en lice pour la victoire dans le final de l'Amstel Gold Race où sa rivalité avec Steve Bauer atteint son paroxysme. Suivra une excellente 7ème place au classement final du Tour d'Italie, porteuse d'espérance pour la grande parade de juillet. Là, les couleurs jaune et rouge du leader de la formation Hitachi se montreront relativement discrètes. Sans doute pour avoir abandonner trop d'influx nerveux en début de saison. Un an plus tard, Claude Criquielion retrouvera sa régularité coutumière pour achever le dernier Tour de France de sa carrière à la 9ème place du classement général, juste devant un certain Miguel Indurain... Figure incontournable du cyclisme belge dont il a porté haut les couleurs tout au long des années 80, le sympathique coureur wallon s'est éteint prématurément à l'âge de 58 ans le 18 février 2015.

HITACHI sur le Tour de France 1989 :

91 Claude CRIQUIELION (Bel) 92 Hendrik DEVOS (Bel) 93 Dirk DE WOLF (Bel)
94 Jos HAEX (Bel) 95 Patrick JACOBS (Bel) 96 Jos LIECKENS (Bel)
97 Danny LIPPENS (Bel) 98 Marc SERGEANT (Bel) 99 Jos VAN AERT (P-B)

Aucune victoire d'étape. 36ème au classement final (Claude Criquielion)



samedi 18 novembre 2017

2008 : le maillot LAMPRE de Damiano Cunego


Parmi les histoires restant en mémoire des suiveurs du Tour de France, il y a celles qui renvoient aux actes de courage de champions victime de la malchance. Lors de l'édition 2008 de la Grande Boucle, c'est le cas de l'italien Damiano Cunego. Avant d'entamer la 18ème étape entre Bourg d'Oisans et Saint-Etienne, le leader de la formation Lampre est signalé à la 18ème place du classement général, bien en deçà des ambitions affichées en début de course par celui qui remporta le Tour d'Italie en 2004 avant de devenir lauréat du trophée du meilleur jeune du Tour de France en 2006. Là, quelques kilomètres après le départ, une terrible chute va jeter à terre celui que le peloton surnomme "Le petit prince". Le visage en sang, le coureur originaire de Vérone se remet en selle avant de se faire poser cinq points de suture par le médecin de la course. La suite de la journée s'apparente à un véritable calvaire : bien que soutenu par quatre de ses équipiers, Damiano Cunego perd progressivement pied sur un parcours vallonné tracé dans les monts du Forez. Il rallie cependant courageusement l'arrivée avec un débours de près de 20 minutes. Lucide quant à son état et soucieux de se soigner en prévision de la fin de saison, il ne prendra pas le départ le lendemain matin. C'était la voie de la sagesse : quelques semaines plus tard, il devait ajouter un troisième Tour de Lombardie à son palmarès après avoir été sacré vice-champion du monde à domicile sur le circuit de Varèse. Le blond grimpeur-puncheur reviendra sur le Tour de France en 2011 pour y décrocher, par le biais d'une 7ème place au classement final, son plus bel accessit sur l'épreuve...

LAMPRE sur le Tour de France 2008 :

71 Damiano CUNEGO (Ita) 72 Alessandro BALLAN (Ita) 73 Matteo BONO (Ita)
74 Marzio BRUSEGHIN (Ita) 75 Marco MARZANO (Ita) 76 Massimiliano MORI (Ita)
77 Daniele RIGHI (Ita) 78 Sylvester SMYZD (Aut) 79 Paolo TIRALONGO (Ita)

Aucune victoire d'étape. 23ème au classement final (Sylvester Smyzd)


samedi 11 novembre 2017

1988 : le maillot WEINMANN - LA SUISSE de Steve Bauer


Les années 80 voient débarquer en Europe de véritables pionniers du sport cycliste. Venus des quatre coins du monde, ils sont australiens (Phil Anderson), américains (Greg Lemond), colombiens (Luis Herrera) ou bien encore canadiens. En 1986, Alex Stieda est le premier citoyen des terres septentrionales américaines à endosser le maillot jaune du Tour de France. Son aventure, de courte durée, ne marquera guère les esprits, les suiveurs retenant plutôt le nom de son compatriote, Steve Bauer. En 1984, le natif de Saint-Catherines est en effet rentré dans la légende de son sport en finissant, à quelques semaines d'intervalle, sur le podium des Jeux Olympiques puis sur celui des Championnats du Monde. L'année suivante, sous le maillot "La Vie Claire", il termine à la 10ème place de son premier Tour de France. Coureur complet, il brille également dans les classiques flandriennes telles le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix. Mais son plus bel exploit sera sans doute réalisé sur les routes de la Grande Boucle en 1988. Sous la casaque à dominante blanche de la formation suisse Weinmann, dirigée par Paul Köechli, il remporte en finisseur la 1ère étape s'achevant à Machecoul après avoir placé une attaque tranchante à 11 kilomètres de l'arrivée. Quelques jours plus tard, à Nancy, profitant de la défaillance de Jelle Nijdam, il endosse le maillot jaune. On pense alors qu'il ne s'agira que d'un court intérim, la montagne se profilant à l'horizon. Là, la tunique or permettra au canadien de se sublimer. Si il finira par céder face aux assauts répétés de l'espagnol Pedro Delgado, il fera mieux que se défendre, terminant à Paris au pied du podium. Un résultat des plus inespérés pour celui qu'une partie du peloton avait surnommé "gros cul" à ses débuts dans les rangs professionnels...

WEINMANN - LA SUISSE sur le Tour de France 1988 :

191 Niki RUTTIMANN (Sui) 192 Steve BAUER (Can) 193 Jean-Claude LECLERCQ (Fra)
194 Pascal RICHARD (Sui) 195 Gerard VELDSCHOLTEN (P-B) 196 Frédéric VICHOT (Fra)
197 Michael WILSON (Aus) 198 Guido WINTERBERG (Sui) 199 Gerhrard ZADROBILEK (Aut)

1 victoire d'étape (Steve Bauer), 4ème au classement final (Steve Bauer)


vendredi 3 novembre 2017

2007 : le maillot PREDICTOR - LOTTO de Cadel Evans


Au milieu des années 2000, la loterie nationale belge s'associe à un laboratoire pharmaceutique pour sponsoriser une formation dont les têtes d'affiche sont des coureurs australiens. Sous la houlette de l'ancien professionnel Marc Sergeant, le sprinter Robbie Mc Ewen cohabite avec son compatriote Cadel Evans, ancien porteur du maillot rose de leader du Tour d'Italie après avoir été vainqueur à deux reprises de la coupe du monde de VTT. Les qualités de grimpeur et de rouleur du natif de Katherine en font un candidat potentiel à la victoire dans un grand tour. En 2006, après avoir triomphé dans le Tour de Romandie, Evans atteint les Champs Elysées, nanti d'une remarquable 5ème place au classement final du Tour de France : une première depuis les années 80 et les exploits de son illustre prédécesseur, Phil Anderson. Un an plus tard, il se présente dans la peau d'un challenger légitime du kazakh Alexandre Vinokourov, désigné par les suiveurs comme le grand favori de l'édition de la Grande Boucle prenant son essor de Londres. Là, il confirme les espoirs mis en lui en terminant second des contre-la-montre disputés à Albi et Angoulême. Sa régularité en haute montagne lui permet également de tutoyer le podium. Mais son style un rien heurté sur les pentes des cols pyrénéens trahit son infériorité face aux escaladeurs ailés Michael Rasmussen et Alberto Contador. Si le coureur danois devra s'éclipser honteusement de la course, Cadel Evans ne parviendra cependant pas à effacer son retard sur le jeune champion espagnol. A Paris, il campe un courageux second avec un modeste débours de 23 secondes. Qu'importe, le rendez-vous est pris. Plusieurs tentatives seront nécessaires avant qu'il ne triomphe, revêtu du maillot jaune, sur les Champs Elysées en 2011. Entre temps, Cadel Evans aura inscrit son nom au palmarès des championnats du monde (2009) et de la Flèche Wallonne (2010), faisant de lui le coureur cycliste le plus titré des antipodes.

PREDICTOR-LOTTO sur le Tour de France 2007 :

41 Cadel EVANS (Aus) 42 Mario AERTS (Bel) 43 Dario CIONI (Ita) 44 Chris HORNER (Usa)
45 Leif HOSTE (Bel) 46 Robbie Mc EWEN (Aus) 47 Fred RODRIGUEZ (Usa)
48 Johan VAN SUMMEREN (Bel) 49 Wim VANSEVENANT (Bel)

1 victoire d'étape (Robbie Mc Ewen), 2ème au classement final (Cadel Evans)


vendredi 27 octobre 2017

1991 : le maillot CARRERA de Claudio Chiapucci


Lors du Tour de France 1990, le public fait la connaissance d'un coureur italien au formidable tempérament d'attaquant et un rien gouailleur : Claudio Chiapucci. Porteur du maillot jaune dans les Alpes, puis les Pyrénées, il ne cédera aux assauts de Greg Lemond que la veille de l'arrivée à Paris dans le contre-la-montre du lac de Vassivière. Les dirigeants de la firme Carrera jeans se frottent les mains : le coureur âgé de 27 ans semble promis à un bel avenir. Le début de la saison 1991 confirme ces espoirs. Vainqueur de la classique Milan-San Remo dans des conditions dantesques, Claudio Chiapucci confirme également ses talents de grimpeur en montant sur le podium du Tour d'Italie. Aligné au départ de la Grande Boucle, on attend de lui qu'il joue son rôle d'animateur. Il sera bien plus que cela : il s'imposera en véritable détonateur, bousculant l'ordre établi et contribuant au déclin du triple lauréat Greg Lemond. Dans la 13ème étape, entre Jaca et Val Louron, le champion américain montre des signes de lassitude dans les derniers hectomètres du col du Tourmalet. L'espagnol Miguel Indurain flaire l'aubaine et se jette à corps perdu dans la descente. Chiapucci se lance à ses trousses et le rejoint à Sainte-Marie de Campan, au pied du col d'Aspin. Dès lors, l'association des deux coureurs va faire merveille. La concurrence est atomisée : si Gianni Bugno limite la casse, Greg Lemond concède plus de sept minutes à l'arrivée. Chiapucci tient là une éclatante revanche sur celui qui l'avait qualifié de "bandit". Cette victoire acquise au sommet de Val Louron, assortie d'un nouveau podium sur les Champs Elysées, porte en elle les germes d'un nouvel exploit d'anthologie que celui que l'on surnomme désormais "il diablo" réalisera, un an plus tard, sur les routes de Sestrières.

CARRERA sur le Tour de France 1991 :

3 victoires d'étapes (Djamolidine Abdoujaparov, Claudio Chiapucci), 3ème au classement final (Claudio Chiapucci), 1er du classement par points (Djamolidine Abdoujaparov), 1er du classement de la montagne (Claudio Chiapucci)



vendredi 20 octobre 2017

2002 : le maillot JEAN DELATOUR de Patrice Halgand


Lancée dans l'aventure du sponsoring cycliste en 2000, la société de joaillerie lyonnaise Jean Delatour aura connu, le temps de ses quatre années d'existence, l'honneur de trois participations au Tour de France. L'effectif de la formation dirigée par Michel Gros compte dans ses rangs des "briscards" expérimentés comme Eddy Seigneur et Laurent Brochard, ainsi que des valeurs sûres du cyclisme hexagonal comme Patrice Halgand, ancien vainqueur du classement final de la coupe de France. C'est grâce à ce dernier que l'équipe au maillot fuchsia et blanc décrochera son unique succès d'étape sur la Grande Boucle en 2002. Lors de la dixième étape entre Bazas et Pau, les baroudeurs sont à l'honneur. Onze coureurs animent la course et parviennent à se dégager après les premiers kilomètres parcourus à une vitesse record (48,932 km/h à l'arrivée !). Plus tard, la sélection s'opère dans la côte d'Auga, à une vingtaine de kilomètres du but, ne laissant plus en tête que le belge Dierckxsens, l'australien O'Grady et les français Pineau et Halgand. Le natif de Saint-Nazaire, bon puncheur, se sait néanmoins battu au sprint et lance une offensive désespérée dans une longue ligne droite à 8 kilomètres de l'arrivée. Son coup de poker réussit, les autres membres de l'offensive se tournant vers O'Grady qui refuse de prendre la poursuite à son compte. Nanti d'un avantage d'une trentaine de secondes, Patrice Halgand peut savourer sur la ligne le plus beau succès de sa carrière. A 28 ans, il confirme les espoirs entrevus sur les routes du critérium du Dauphiné Libéré et des Quatre jours de Dunkerque. Retiré des pelotons depuis 2008, il propose depuis, chaque mois, dans les colonnes de Vélo Magazine une rubrique appréciée de test de matériel.

JEAN DELATOUR sur le Tour de France 2002 :

1 victoire d'étape (Patrice Halgand), 17ème au classement final (Stéphane Goubert)



dimanche 8 octobre 2017

2011 : le maillot LEOPARD - TREK d'Andy Schleck


En froid avec le manager danois Bjarne Riis auprès duquel ils ont couru pendant plusieurs saisons, les frères Schleck montent en 2011 leur propre structure sportive. Cette dernière, appuyée par des capitaux luxembourgeois et soutenue par le fabricant de cycles américain Trek, adopte le patronyme énigmatique de Léopard. C'est sous une tunique au design noir et blanc d'une grande sobriété qu'Andy Schleck se présente au départ de la Grande Boucle revêtu du costume de grand favori de la course. A 26 ans, le cadet des fils de Johnny Schleck, ancien équipier de Luis Ocana dans les années 70, semble avoir atteint la pleine maturité de ses moyens. Vainqueur de la classique Liège-Bastogne-Liège en 2009 et déjà trois fois titré meilleur jeune du Tour de France, il semble enfin prêt pour s'imposer face à une solide concurrence incarnée par son grand rival Alberto Contador et l'australien Cadel Evans. Les Pyrénées, premier massif montagneux franchi par les coureurs lors de cette édition, accouchent d'une souris : les leaders se marquent et permettent au français Thomas Voeckler de conserver le maillot jaune. La décision viendra plus tard et prendra la forme de l'une des offensives les plus héroïques de l'ère moderne du Tour de France. Dans la 18ème étape, par delà les grands cols alpins de l'Izoard et du Galibier, Andy Schleck lance une attaque jugée suicidaire par les observateurs à 65 kilomètres de l'arrivée. Malgré un fort vent de face, il parvient cependant, dans son style caractéristique de grand gabarit, à creuser l'écart sur le groupe des favoris de la course. A 10 kilomètres du terme de l'étape, il possède ainsi plus de 4  minutes d'avance et revêt virtuellement le maillot jaune. La réaction énergique de Cadel Evans ne lui permettra pas de s'emparer du costume de leader de la course, mais Andy Schleck ira cueillir au sommet du col du Galibier, à 2645 mètres d'altitude, le plus beau succès de sa carrière. Cet exploit le fait entrer de plain-pied dans la légende du Tour de France. Sa carrière s'achèvera prématurément en 2014 après une rupture des ligaments croisés du genou, mais son nom figure depuis au palmarès de l'épreuve après le déclassement d'Alberto Contador pour dopage dans le Tour de France 2010.

LEOPARD - TREK sur le Tour de France 2011 :

1 victoire d'étape (Andy Schleck), 2ème au classement final (Andy Schleck), 3ème au classement final (Frank Schleck), 2ème au classement de la montagne (Andy Schleck), 2ème au classement par équipes.


vendredi 29 septembre 2017

1988 : le maillot CHATEAU D'AX de Gianni Bugno


Dans le final de la 18ème étape du Tour de France 1988, un jeune italien âgé de 24 ans crève l'écran. Gianni Bugno, pensionnaire de l'équipe Chateau d'Ax, appartient à un groupe d'échappée où figurent des éléments expérimentés comme Julian Gorospe, Bruno Leali ou Martial Gayant. A 6 kilomètres de l'arrivée à Limoges, au culot, il profite d'une ultime ascension pour se détacher irrésistiblement. Seul le belge Jan Nevens parvient à prendre sa roue. Mais il y a une classe d'écart entre le style heurté du coureur d'outre Quiévrain et le natif de Brugg qui semble pédaler dans du velours. Au sprint, Gianni Bugno s'en va remporter logiquement sa première grande victoire internationale. Le directeur sportif Gian-Luigi Stanga ne tarit pas d'éloges à propos de son poulain qu'il désigne comme un furioclasse et un grand champion en devenir. L'avenir lui donnera raison. La saison 1990 voit Gianni Bugno devenir numéro un mondial après avoir remporté la classique Milan San Remo et avoir porté le maillot rose de bout en bout sur le Giro. Vainqueur à l'Alpe d'Huez sur la Grande Boucle qu'il achève au 7ème rang final, le nouveau leader du cyclisme italien semble prendre date pour les éditions suivantes. Là, il devra néanmoins déchanter, barré par la domination en contre la montre de l'extraterrestre Miguel Indurain et par une rivalité naissante avec son compatriote Claudio Chiapucci. Deuxième en 1991, troisième en 1992, Bugno sera néanmoins sacré deux fois champion du monde sur route avant de tirer sa révérence par un éclatant succès sur le Tour des Flandres. Discret et réservé, doté de qualités physiques exceptionnelles, l'athlète à l'éternel regard azur aurait sans doute mérité, au moins une fois, de figurer au palmarès du Tour de France.

CHATEAU D'AX sur le Tour de France 1988 :

2 victoires d'étapes (Valerio Tebaldi, Gianni Bugno), 62ème au classement final (Gianni Bugno)



vendredi 22 septembre 2017

2000 : le maillot BANESTO d'Alex Zülle


Après la retraite sportive de Miguel Indurain, l'équipe de José Miguel Echavarri, parrainée par une banque espagnole, se cherche désespérément un leader capable d'atteindre la plus haute marche sur le podium du Tour de France. Abraham Olano ayant montré précocement ses limites, les espoirs de succès sur la Grande Boucle se reporte sur Alex Zülle. Le grand Suisse à l'allure dégingandée et aux lunettes de myope présente, en effet, un beau palmarès dans les courses à étapes. Lauréat du Tour d'Espagne en 1996 et 1997, ses aptitudes en montagne et ses qualités de rouleur lui ont également permis d'être le dauphin, sur les Champs Elysées, du "roi Miguel" en 1995 et du "miraculé" Armstrong en 1999. Au moment du grand départ du Futuroscope, le natif de Wil, déjà âgé de 32 ans, sait qu'il joue son ultime carte. Le moment de vérité a lieu lors de la 10ème étape qui s'achève sur les hauteurs d'Hautacam, dans les Pyrénées. A un premier démarrage de Marco Pantani répond une accélération de Lance Armstrong. Alex Zülle se porte aussitôt dans la roue des deux hommes. Il fait illusion pendant quelques centaines de mètres avant de se rasseoir. Sous la pluie, il concède au sommet près de trois minutes au coureur texan et perd là ses dernières illusions. Atteint par une sinusite, il n'est plus que l'ombre de lui-même alors que se révèle son jeune équipier Fransisco Mancebo qui porte la tunique de meilleur jeune. Relégué à un quart d'heure à Briançon, le grand rouleur suisse abrège son calvaire dans le col des Mosses quelques kilomètres à peine après le départ de la 17ème étape. Désabusé, il se confie aux journalistes : "C'est la première fois que je me préparais pour un objectif unique. Mais c'est aussi la dernière fois..." Des paroles prémonitoires. Zülle ne brillera plus sur les grandes courses. Tout juste, parviendra-t-il en 2002 à remporter le Tour de Suisse avant de tirer sa révérence...

BANESTO sur le Tour de France 2000 :

1 victoire d'étape (Vicente Garcia-Acosta), 9ème place au classement final (Francisco Mancebo), 1er au classement du meilleur jeune (Francisco Mancebo)


vendredi 15 septembre 2017

1996 : le maillot ROSLOTTO - ZG de Piotr Ugrumov


Pour la saison cycliste 1996, le sponsor italien ZG Mobili, qui vient de recruter Maurizio Fondriest ancien champion du monde (1988) et vainqueur de Milan-San Remo (1993), reçoit le soutien de capitaux étrangers. L'arrivée de la loterie nationale russe permet à la formation dirigée par le jeune retraité des pelotons, Moreno Argentin, de compter dans ses rangs Piotr Ugrumov. Désigné leader pour les courses par étapes, le natif de Riga, âgé de 35 ans, est nanti d'une solide expérience en la matière. Après une carrière amateur qui l'a vu briller sur les routes de la Course de la Paix et remporter la version open du Circuit de la Sarthe, le letton est monté à trois reprises sur le podium d'un grand tour. En 1994, il fût d'ailleurs le seul à tenir la dragée haute à Miguel Indurain sur les routes de la Grande Boucle, remportant au passage deux étapes, dont un contre la montre avec plus de deux minutes d'avance sur le champion navarrais, avant de terminer deuxième au classement final. Deux ans plus tard, son programme ambitieux vise à le faire doubler Giro et Tour de France. En Italie, Ugrumov échoue de peu au pied du podium, malgré son acharnement à animer les étapes de montagne. En juillet, fort du soutien de l'ancien maillot jaune Pascal Lino et du jeune espoir Paolo Savoldelli, il tente de sortir son épingle du jeu, notamment dans les Alpes où on le voit à la lutte pour la chasse aux points du maillot de meilleur grimpeur. Là, cependant, il ne parviendra pas à hausser son niveau, demeurant un cran en dessous des coureurs de Telekom et Festina. Avec du recul, son parcours professionnel apparaît difficile à juger. Doué de véritables qualités de rouleur et d'escaladeur, Piotr Ugrumov paie encore, à posteriori, son passage dans les rangs de la sulfureuse équipe Gewiss et ses relations avec le trop fameux docteur Ferrari...

ROSLOTTO - ZG sur le Tour de France 1996 :

7ème place au classement final (Piotr Ugrumov)


vendredi 8 septembre 2017

1984 : le maillot PANASONIC - RALEIGH d'Eric Vanderaerden


En 1984, la firme japonaise Panasonic s'associe au mythique fabricant de cycles Raleigh, dont l'équipe domine le peloton professionnel depuis la fin des années 70. Grâce à ce nouveau sponsor, le manager hollandais Peter Post va pouvoir renforcer une formation qui compte déjà dans son effectif des éléments aussi brillants que Peter Winnen, Henk Lubberding ou Bert Oosterbosch, vainqueurs à plusieurs reprises sur les routes de la Grande Boucle. Le recrutement de l'australien Phil Anderson et du belge Eric Vanderaerden marque une volonté de rajeunir les cadres de l'équipe après le départ de son leader historique, Jan Raas. Passé professionnel l'année précédente à l'âge de 21 ans, Eric Vanderaerden a réussi l'exploit de remporter le prologue du Tour de France ainsi que deux étapes sur le Tour d'Espagne. Un avenir brillant semble s'ouvrir pour celui qui se pare du maillot de champion de Belgique quelques jours avant le grand départ en région parisienne. Là, le prodige belge connaît une première désillusion en étant battu dans le prologue par Bernard Hinault. Dans les étapes suivantes, il tente de jouer la gagne lors des arrivés massives mais doit régulièrement subir la loi de son compatriote Franck Hoste qui s'impose à trois reprises et se pare du maillot vert. Au pied des Pyrénées, le moral en berne, Vanderarden parle d'abandonner la course. Son manager lui répond laconiquement : "Tu ne peux pas gagner au sprint. Tente ta chance, car tu as la classe." Paroles prophétiques. Le lendemain, vers Pau, le champion de Belgique s'isole en tête à 25 kilomètres de l'arrivée en compagnie de Diercickx, qu'il n'a aucun mal à devancer sur la ligne. Cette première victoire en annonce une autre, plus prestigieuse, conquise de haute lutte sur les Champs Elysées devant tout le gratin du sprint mondial. Au soir du Tour de France 1984, Peter Post peut se féliciter d'avoir encourager son coureur qui ajoutera bientôt à son palmarès un maillot vert sur la Grande Boucle (1986) et deux monuments du cyclisme : le Tour des Flandres (1985) et Paris-Roubaix (1987).

PANASONIC - RALEIGH sur le Tour de France 1984 :

2 victoires d'étapes (Eric Vanderaderden), 10ème au classement final (Phil Anderson)


vendredi 1 septembre 2017

2004 : le maillot FASSA BORTOLO de Filippo Pozzato


A l'horizon 2000, le "sorcier" Ferreti, après avoir dirigé les formations Ariostea et MG Technogym, trouve un partenaire de poids par l'entremise d'une firme italienne spécialisée dans les produits du bâtiment. L'équipe Fassa Bortolo va naviguer pendant cinq années en eaux troubles entre les cas de dopage avérés de Dario Frigo et Serguei Ivanov et la révélation de jeunes champions comme Fabian Cancellara et Filippo Pozzato. Originaire de Vénétie, ce dernier est passé professionnel à l'âge de 20 ans. Il s'est rapidement distingué sur les podiums en remportant notamment, dès 2003, le classement général de Tirreno Adriatico. Un an plus tard, Ferreti lance sa petite pépite italienne sur les routes du Tour de France avec, pour objectif, de contribuer au train du sprinter maison Alessandro Petacchi. Là, celui-ci abandonne au matin du sixième jour de course, laissant les coudées franches à son jeune équipier qui ne manquera pas rapidement de se mettre en valeur. Sur la route de Saint-Brieuc, terme d'une 7ème étape disputée en Bretagne, la course est agitée par des bordures et de nombreuses attaques. A 5 kilomètres du terme de la journée, Filippo Pozzato met à profit un petit raidillon pour s'extraire du peloton en compagnie des espagnols Iker Flores et Francisco Mancebo. Doté d'une belle pointe de vitesse, le coureur italien devance largement ses rivaux sur la ligne d'arrivée, où il remporte un premier succès d'étape sur la Grande Boucle. Il récidivera en 2007 dans les rues d'Autun, une saison après avoir triomphé dans l'une des plus belles classiques du calendrier, Milan-San Remo.

FASSA BORTOLO sur le Tour de France 2004 :

3 victoires d'étapes (Fabian Cancellara, Fiippo Pozzato, Aitor Gonzalez), 45ème au classement final (Aitor Gonzalez)


jeudi 24 août 2017

1990 : le maillot HELVETIA de Gilles Delion


Avec le partenariat de la société d'assurances Helvetia, l'ancien préparateur physique de Bernard Hinault, Paul Köechli, lance en 1989 un groupe sportif articulé autour des meilleurs coureurs helvètes comme Pascal Richard, Beat Zberg ou Niki Ruttimann. S'y ajoutent le Canadien Steve Bauer, qui joue le rôle de chef de file, et un jeune français prometteur, Gilles Delion. Passé professionnel à l'âge de 22 ans, ce dernier ne tarde pas à obtenir des résultats probants aussi bien dans les classiques que dans les courses à étapes offrant un profil montagneux. Sa saison 1990 est, sans aucun doute, la plus aboutie de sa carrière. Au printemps, il monte sur la troisième marche du podium de Milan-San Remo avant de contester l'hégémonie de Laurent Fignon sur le Critérium International, avec l'appui de son équipier Jean-Claude Leclercq. Lancé dans le grand bain du Tour de France, le coureur savoyard va se montrer d'une grande régularité tout au long de la course, évoluant constamment en second rideau derrière les grands leaders du classement général. Sur les Champs Elysées, il est récompensé par le titre de meilleur jeune de cette édition de la Grande Boucle. Tout juste peut-il regretter d'avoir été privé d'un maillot distinctif, le paletot blanc ayant été supprimé par les organisateurs. Les observateurs avisés font de lui l'avenir du cyclisme français, d'autant qu'en octobre il s'adjuge avec la manière la victoire dans le Tour de Lombardie. Là, la belle mécanique va malheureusement s'enrayer. Dès la saison suivante, une mononucléose récurrente le tient éloigné des podiums. Malgré un succès obtenu à Valkenbourg sur le Tour de France 1992, Gilles Delion ne retrouvera jamais son niveau. Il finira par jeter l'éponge et quitter le peloton professionnel à l'âge de 30 ans. Amer et lucide quant à l'évolution du cyclisme, il n'hésitera pas à déclarer devant la presse en janvier 1997 : "Je ne vois pas l'intérêt de gagner complètement allumé, ni quelle fierté on peut en tirer. Je suis très attaché à cette notion de pureté dans le sport, sans laquelle il n'y a plus de beauté du geste, plus d'héroïsme." De saines paroles à quelques mois de l'affaire Festina...

HELVETIA sur le Tour de France 1990 :

15ème au classement final (Gilles Delion), 1er au classement du meilleur jeune (Gilles Delion)



vendredi 18 août 2017

1985 : le maillot LA VIE CLAIRE de Bernard Hinault


Opéré du genou en 1983, Bernard Hinault remonte en selle la saison suivante avec le soutien financier de l'homme d'affaires Bernard Tapie. Sous les couleurs de La Vie Claire dont le maillot présente un design moderne inspiré de l'oeuvre de Mondrian, le coureur breton va trouver un adversaire de taille sur sa route : Laurent Fignon. Dauphin de son cadet sur l'édition 1984 de la Grande Boucle, celui que l'on surnomme "le blaireau" se retrouve complètement sur les routes transalpines en remportant d'abord le Tour de Lombardie puis le Tour d'Italie. L'horizon d'un cinquième succès semble alors dégagé pour Hinault, d'autant plus que Fignon déclare forfait à la veille du grand départ à Plumelec. Là, la démonstration de force du champion français va pouvoir commencer : lauréat du prologue, il domine largement ses adversaires lors du premier grand rendez-vous contre la montre disputé entre Sarrebourg et Strasbourg. En l'espace de 75 kilomètres, Stephen Roche, Charly Mottet et Greg Lemond cèdent plus de deux minutes au nouveau maillot jaune. Ce dernier enfonce le clou lors de la première étape de montagne, en laissant le seul Luis Herrera l'accompagner jusqu'à l'arrivée à Morzine. A mi-tour, la messe semble dite. Et pourtant. Sur le cours Fauriel à Saint-Etienne, terme de la 14ème étape, Bernard Hinault s'accroche dans le sprint avec l'australien Phil Anderson. Jeté à terre, il se relève le visage en sang. On diagnostiquera quelques heures plus tard une fracture du nez. Il faudra alors un courage certain au "blaireau" pour parvenir, malgré un passage à vide dans les Pyrénées, à monter sur la plus haute marche du podium sur les Champs Elysées. A 31 ans, il rejoint alors le club restreint des quintuples vainqueurs du Tour de France. Il demeure, par ailleurs, à ce jour le dernier coureur français à avoir inscrit son nom au palmarès de la Grande Boucle.

LA VIE CLAIRE sur le Tour de France 1985 :

4 victoires d'étapes (Bernard Hinault, Greg Lemond, contre-la-montre par équipes), 1er au classement final (Bernard Hinault), 2ème au classement final (Greg Lemond), 2ème au classement par points (Greg Lemond), 1er au classement par équipes.


dimanche 13 août 2017

2008 : le maillot CAISSE D'EPARGNE de Luis-Leon Sanchez


Héritière des équipes qui ont conduit Pedro Delgado et Miguel Indurain sur la plus haute marche du Tour de France, la formation Caisse d'Epargne, qui bat pavillon espagnol, ne manque pas d'arguments à l'aube de l'édition 2008 de la Grande Boucle. En effet, son leader, Alejandro Valverde, âgé de 28 ans, arrive à maturité pour jouer les tout-premiers rôles au classement général. Le coureur murcien, fraîchement sacré champion d'Espagne, débute d'ailleurs l'épreuve sur les chapeaux de roue en s'adjugeant la 1ére étape qui s'achève au sommet de la côte de Cadoudal à Plumelec. Il en profite pour revêtir le maillot jaune et insuffler à ses coéquipiers une dynamique positive. Parmi ses lieutenants, figure un certain Luis-Leon Sanchez, de trois ans son cadet. Rouleur émérite passé professionnel à 20 ans sous la houlette de Manolo Saiz, ce dernier se montre également à l'aise sur les terrains accidentés. Aussi, le voit-on à l'attaque lors de la 7éme étape disputée dans le Massif Central, entre Brioude et Aurillac. Accompagnés de ses compatriotes Jufre et De la Fuente ainsi que du jeune espoir italien Nibali, il franchit le sommet du Pas de Peyrol avec une avance d'une minute et trente secondes sur le groupe des favoris. Dans les faubourgs d'Aurillac, alors que le peloton se rapproche dangereusement, il fait montre d'une belle science de la course en plaçant une attaque à 5 kilomètres de l'arrivée au nez et à la barbe de ses deux concurrents de l'équipe Saunier Duval. Sur la ligne, il peut savourer ce premier succès sur le Tour de France qui en appellera d'autres en 2009, 2011 et 2012.

CAISSE D’EPARGNE sur le Tour de France 2008 :

2 victoires d'étapes (Alejandro Valverde, Luis-Leon Sanchez), 9ème place au classement final (Alejandro Valverde)


mercredi 9 août 2017

1995 : le maillot MG-TECHNOGYM de Fabio Baldato


Toujours présent dans le peloton en tant que directeur sportif de la formation BMC, Fabio Baldato a connu les honneurs d'une longue carrière professionnelle de 1991 à 2008. Sprinter doté d'une belle pointe de vitesse, excellant notamment lors des arrivées en côte, il était écrit qu'il brillerait sur les routes du Tour de France. Lors de l'édition 1995 de la Grande Boucle, le coureur italien va connaître en l'espace de quelques jours à peine les joies du podium et un douloureux abandon. Lors de la 1ère étape disputée sous la pluie entre Dinan et Lannion, il profite habilement du travail préparatoire de la formation Mercatone Uno de Mario Cippolini qui vient s'écraser au pied de la côte d'arrivée. Dans la roue de Laurent Jalabert, qui convoite la maillot jaune, Fabio Baldato fait parler son punch et s'impose d'une longueur, faisant briller les couleurs de sa formation MG Technogym au maillot bleu et blanc frappé d'une pomme rouge. Trois jours plus tard, il est encore un acteur majeur du final dans les rues du Havre lorsque, à 2 kilomètres de la ligne, une terrible chute l'envoie à terre en même temps que Nelissen, Abdoujaparov et Jalabert. Touché au visage, la bouche en sang, il remonte courageusement en selle pour terminer l'étape. Mais l'aventure tourne court dès le lendemain et il doit mettre pied à terre peu après le départ de Fécamp, terrassé par d'insupportables douleurs dentaires. Athlète élégant et dur au mal, au mental forgé dans les classiques où il collectionne les accessits, Fabio Baldato s’offrira, un an plus tard, sur les Champs Elysées la plus éclatante des revanches en remportant une victoire de prestige sur la plus belle avenue du monde.

MG TECHNOGYM sur le Tour de France 1995 :

2 victoires d'étapes (Fabio Baldato, Maximillian Sciandri), 33ème au classement final (Alberto Elli)


samedi 5 août 2017

1991 : le maillot BUCKLER de Jelle Nijdam


Le cyclisme est bien souvent une affaire de famille. Nombreux sont ceux qui ont incarnés pour leur progéniture un modèle à suivre. C'est le cas du néerlandais Henk Nijdam, professionnel dans les années 60, dont le fils Jelle va s'imposer comme l'un des coureurs les plus talentueux de sa génération. En treize années au sein de l'élite du peloton international, il remportera la bagatelle de 101 victoires, dont un grand nombre de contre-la-montre. Titré champion des Pays-Bas de poursuite dès la catégorie des juniors, Jelle Nijdam brille essentiellement par ses qualités de rouleur. Son explosivité fait merveille dans les prologues et, ainsi, le voit-on revêtir le maillot jaune du Tour de France dans les rues de Berlin en 1987, à l'âge de 24 ans. Couvé par Jan Raas, il profite également d'un collectif homogène, d'abord sous les couleurs de Kwantum et Superconfex puis de Bückler. Son palmarès s'enrichit notamment de succès de prestige dans les classiques, comme l'Amstel Gold Race en 1988 ou Paris-Tours en 1989. Six succès d'étapes viennent également marqué de façon indélébile son passage sur la Grande Boucle. Mettant à profit ses qualités de poursuiteur, Jelle Nijdam s'impose comme un redoutable finisseur. Sa victoire dans les rues de Valenciennes en 1991 est un modèle du genre. Menant le peloton à vive allure pour le compte de son sprinter Eric Vanderaerden, il se détache sous la flamme rouge avant de résister à la meute lancée à ses trousses. "Tout le monde sait que je procède ainsi mais, quand j'ai pris dix ou vingt mètres dans le dernier kilomètre, tout le monde sait aussi qu'on ne peut plus rien." déclare-t-il, goguenard, au pied du podium protocolaire. Des propos lucides pour illustrer sa marque de fabrique, jamais égalée depuis.

BUCKLER sur le Tour de France 1991 :

1 victoire d'étape (Jelle Nijdam), 26ème au classement final (Steven Rooks)


mardi 1 août 2017

1998 : le maillot CASINO de Jacky Durand


Soutenu par le groupe Casino, gérant une importante chaîne de supermarchés, le manager Vincent Lavenu fait évoluer une formation créée en 1992 vers l'élite mondiale. Aux côtés du sprinter estonien Jaan Kirsipuu, il peut dorénavant compter sur l'expérience de coureurs chevronnés comme l'Italien Alberto Elli ou le Suisse Pascal Richard. Mais, lors de la Grande Boucle 1998, c'est grâce au Danois Bo Hamburger, maillot jaune pendant deux jours, et surtout au Français Jacky Durand, infatigable baroudeur, que les couleurs de l'équipe basée à Chambéry vont briller en tête de la course. Féru des échappées au long cours, le natif de Ballots dans la Mayenne est un digne successeur des frères Madiot. Lauréat surprise du Tour des Flandres en 1992, il compte également à son palmarès deux titres de champion de France et deux étapes sur le Tour de France. En 1998, alors que les médias se font l'écho de l'affaire Festina, il fait montre d'une santé éclatante en se lançant dans des raids ambitieux sur les routes irlandaises lors de la 1ère étape vers Dublin ou lors de la 4ème étape vers Cholet. Mais, à chaque fois, les équipes de sprinters condamnent irrémédiablement ses initiatives. Qu'à cela ne tienne, la troisième tentative sera la bonne. Au lendemain d'un contre-la-montre éprouvant pour une bonne partie du peloton, il prend place au sein d'un groupe d'échappés au sein duquel l'Italien Andrea Tafi fait figure d'épouvantail. Ce dernier paraît sûr de son fait. Trop sans doute car il va pêcher par excès de confiance. Après avoir contré un démarrage d'Eddy Mazzoleni sous la flamme rouge, il lance le sprint en costaud à 300 mètres de la ligne d'arrivée. Une aubaine pour Jacky Durand qui, vent de face, profite de l'abri dans le sillage de l'Italien avant de le passer à quelques encablures du terme de l'étape. C'est un nouveau succès de prestige pour le coureur français qui sera également désigné comme le super-combatif de cette édition de la Grande Boucle.

CASINO sur le Tour de France 1998 :

2 victoires d'étapes (Jacky Durand, Rodolfo Massi), 15ème au classement final (Bo Hamburger), 1er du classement de la combativité (Jacky Durand)


vendredi 28 juillet 2017

2005 : le maillot QUICK-STEP de Tom Boonen


Révélé en 2002 par un podium sur Paris-Roubaix pour sa première saison professionnelle, Tom Boonen a vu son contrat racheté par le manager Patrick Lefevere. A la tête de la formation Quick-Step, ce dernier souhaite en faire le digne successeur de Johan Museeuw. Petit à petit, le jeune coureur belge gravit les échelons jusqu'à connaître l'état de grâce au printemps 2005. Il réalise alors l'exploit retentissant d'un doublé Tour des Flandres - Paris-Roubaix. Auréolé de son nouveau statut d'ogre des classiques, il prend le départ du Tour de France avec l'ambition de remporter un maximum d'étapes et de ramener à Paris le maillot vert du classement par points. Sa pointe de vitesse, déjà récompensée par deux succès sur l'édition précédente de la Grande Boucle, ne lui fait pas défaut lors du départ de l'épreuve en Vendée. Aux Essarts, terme de la 2ème étape, il domine tout le gratin du sprint mondial et devance sur la ligne Tom Hushovd et Robbie Mc Ewen. Bis repetita le lendemain sur l'avenue de Grammont à Tours où, paré du maillot vert, le leader de la Quick-Step achève de manière exemplaire le travail réalisé dans les derniers kilomètres par ses équipiers. En tête du classement par points pendant dix jours, Tom Boonen devra cependant jeter l'éponge dans la traversée des Alpes. Il s'octroiera en septembre la plus belle des revanches en devenant champion du monde sur route à Madrid. A 25 ans, l'enfant de Mol est au sommet de son art. Il reçoit le Vélo d'or mondial qui fait de lui le meilleur coureur de la saison.

QUICK-STEP sur le Tour de France 2005 :

2 victoires d'étapes (Tom Boonen), 41ème au classement final (Michael Rogers)


dimanche 23 juillet 2017

2015 : le maillot BMC de Greg Van Avermaet


Lauréat de l'édition 2011 du Tour de France grâce à l'australien Cadel Evans, le fabricant de cycles BMC n'est toujours pas parvenu, à ce jour, à renouveler l'exploit. Néanmoins, les couleurs noire et rouge de la firme suisse ont eu l'occasion de se distinguer à maintes reprises sur les routes de la Grande Boucle. C'est notamment le cas en 2015, année marquée par le succès dans le prologue d'Utrecht aux Pays-Bas du rouleur prodige Rohan Dennis et de la confirmation du talent du belge Greg Van Avermaet. Vainqueur de la classique Paris-Tours en 2011, le natif de Lokeren, à l'aube de ses 30 ans, dispose déjà d'un solide palmarès nanti, cependant, d'un nombre incalculable de places d'honneurs. Reconnaissant ses qualités, les observateurs du sport cycliste lui reprochent néanmoins un certain manque de clairvoyance à l'approche de la ligne d'arrivée. Pire, certains d'entre eux avancent un complexe d'infériorité que Van Avermaet nourrirait vis à vis de coureurs évoluant dans un registre similaire au sien comme Philippe Gilbert et Peter Sagan. Aussi, lorsque dans le final de la 13ème étape qui s'achève à Rodez, il se retrouve au coude à coude en compagnie de l'ogre slovaque, peu nombreux sont ceux qui s'avancent sur un succès du Belge. Et pourtant. Au prix d'une belle démonstration de force et de puissance, Van Avermaet s'impose au sommet de la côte de Saint-Pierre. Cette victoire va littéralement décomplexer le pensionnaire de la formation BMC. Depuis, après avoir porté le maillot jaune du Tour de France en 2016, il a remporté le titre olympique sur route à Rio et la reine des classiques, Paris-Roubaix. La série est encore en cours...

BMC sur le Tour de France 2015 :

3 victoires d'étapes (Rohan Dennis, contre-la-montre par équipes, Greg Van Avermaet), 12ème au classement final (Samuel Sanchez)

(photo Sirotti)

jeudi 20 juillet 2017

1993 : le maillot CHAZAL d'Eric Caritoux


Jeune retraité des pelotons après une carrière professionnelle discrète chez RMO et Fagor, Vincent Lavenu lance, en 1992, un nouveau groupe sportif. Soutenue par Chazal, charcutier-traiteur basé à Chambéry, la jeune équipe cycliste arbore de voyantes couleurs rose et jaune. Pour ce qui est de l'effectif, les faibles moyens financiers engagés dans l'aventure ne permettent pas de faire des folies. A quelques étrangers inconnus mais qui connaîtront par la suite une belle carrière comme le sprinter estonien Jaan Kirsipuu, Lavenu adjoint des jeunes français prometteurs et quelques vieilles gloires du peloton français. C'est la cas d'Eric Caritoux. Ancien vainqueur du Tour d'Espagne et double champion de France, le coureur de Carpentras s'impose comme le leader naturel de la formation. Grimpeur talentueux, il prend part, en 1993, pour la 11ème fois au Tour de France, après que sa formation eu obtenu une invitation inespérée de la part des organisateurs. Là, le miracle n'aura cependant pas lieu. A 33 ans, son expérience ne suffira pas pour recueillir les lauriers espérés par son directeur sportif. Régulier tout au long de la course, mais constamment relégué au second rang en montagne, il rejoindra Paris dans l'anonymat. Un an plus tard, il reviendra sur la Grande Boucle avant de prendre une retraite méritée consacrée désormais à son exploitation viticole située au pied du Mont Ventoux.

CHAZAL sur le Tour de France 1993 :

37ème au classement final (Eric Caritoux)

(photo E. Houdas)

lundi 17 juillet 2017

2007 : le maillot FRANÇAISE DES JEUX de Sandy Casar


En 2007, le Tour de France se déroule dans une atmosphère délétère. L'épreuve est marquée par les affaires de dopage sanguin d'Alexandre Vinokourov et par les mensonges de Michael Rasmussen qui, alors qu'il porte le maillot jaune, est poussé vers la porte de sortie par les dirigeants de sa propre équipe. On en oublierait presque de saluer les performances sportives de quelques concurrents méritants. Parmi ces derniers se distingue Sandy Casar, le taciturne leader de la formation française dont le maillot est marqué du célèbre trèfle à quatre feuilles de la loterie nationale. Parangon de la lutte anti-dopage, le natif de Mantes-la-Jolie s'est illustré, par le passé, par des performances de haut-niveau acquises dans un contexte pour le moins sulfureux : ainsi, en 2002, pour ses débuts professionnels, monte-t-il sur la seconde marche du podium de Paris-Nice avant, quatre ans plus tard, de se hisser à la 6ème place au classement final du Tour d'Italie. Ayant fait le choix volontaire de jouer les étapes sur la Grande Boucle, Sandy Casar, à la veille de la 18ème étape qui conduit les coureurs de Cahors à Angoulême, en est rendu à collectionner les secondes places. La réussite semble le fuir. Et pourtant, son destin va basculer ce vendredi 27 juillet. Ayant pris place dans une échappée fleuve aux côtés de Laurent Lefèvre, Axel Merckx et Michael Boogerd, il est renversé par un chien traversant la route. Marqué dans son corps, Casar trouve dans cet incident une source de motivation supplémentaire. Dans le final, il répond à toutes les attaques de ses concurrents avant de s'imposer largement au sprint en lançant en l'air un poing rageur. Cette victoire, qui s'est longtemps fait attendre, sera suivie de deux autres sur les éditions 2009 et 2010 de la Grande Boucle.

LA FRANCAISE DES JEUX sur le Tour de France 2007 :

1 victoire d'étape (Sandy Casar), 64ème au classement final (Thomas Lövkvist)


jeudi 13 juillet 2017

1987 : le maillot SUPERCONFEX de Rolf Gölz


Au sortir d'une carrière qui l'aura vu briller sur les grandes classiques, Jan Raas prend les rênes d'une nouvelle structure sportive, soutenue par Kwantum, qui va très vite s'imposer comme la grande rivale de la formation Panasonic dirigée par Peter Post. En 1987, Superconfex, chaîne de grands magasins spécialisés dans le prêt-à-porter, s'engage comme sponsor principal de l'équipe néerlandaise dont le maillot à dominante verte va connaître ses heures de gloire sur les routes du Tour de France. Après la victoire du rouleur Jelle Nijdam dans le prologue disputé dans les rues de Berlin, le baroudeur Nico Verhoeven et le sprinter Jean-Paul Van Poppel gravissent à leur tour les podiums d'arrivée. La dynamique rejaillit sur l'ensemble du groupe qui connaît en ce mois de juillet une réussite incroyable, au grand dam de leurs adversaires. Ainsi, lors de la 15ème étape disputée entre Tarbes et Blagnac, le Français Roland Leclerc et l'Irlandais Martin Earley voient-ils revenir à leur hauteur l'Allemand Rolf Gölz au sommet de la côte de Puydarrieux. Nanti d'une solide réputation lié à son titre de vice-champion olympique de poursuite à Los Angeles, le coureur originaire du Bade-Wurtemberg ne fait pas offense à la confiance de ses coéquipiers qui cadenassent la course à l'arrière. La chaleur est étouffante et les fuyards disposent bientôt d'une avance de près de vingt minutes. A 50 kilomètres de l'arrivée, l'orage éclate, transformant la route, sur certains secteurs, en véritable torrent. Dans des conditions apocalyptiques, Rolf Gölz, à peine âgé de 25 ans, s'en va conquérir l'un des plus beaux succès de sa jeune carrière en ajustant au sprint ses deux compagnons d'échappée. Son palmarès s'enrichira bientôt d'autres grandes victoires comme la Flèche Wallonne ou Paris-Bruxelles.

SUPERCONFEX sur le Tour de France 1987 :

5 victoires d'étapes (Jelle Nijdam, Nico Verhoeven, Jean-Paul Van Poppel, Rolf Gölz), 49ème au classement final (Rolf Gölz), 1er au classement par points (Jean-Paul Van Poppel)