jeudi 24 août 2017

1990 : le maillot HELVETIA de Gilles Delion


Avec le partenariat de la société d'assurances Helvetia, l'ancien préparateur physique de Bernard Hinault, Paul Köechli, lance en 1989 un groupe sportif articulé autour des meilleurs coureurs helvètes comme Pascal Richard, Beat Zberg ou Niki Ruttimann. S'y ajoutent le Canadien Steve Bauer, qui joue le rôle de chef de file, et un jeune français prometteur, Gilles Delion. Passé professionnel à l'âge de 22 ans, ce dernier ne tarde pas à obtenir des résultats probants aussi bien dans les classiques que dans les courses à étapes offrant un profil montagneux. Sa saison 1990 est, sans aucun doute, la plus aboutie de sa carrière. Au printemps, il monte sur la troisième marche du podium de Milan-San Remo avant de contester l'hégémonie de Laurent Fignon sur le Critérium International, avec l'appui de son équipier Jean-Claude Leclercq. Lancé dans le grand bain du Tour de France, le coureur savoyard va se montrer d'une grande régularité tout au long de la course, évoluant constamment en second rideau derrière les grands leaders du classement général. Sur les Champs Elysées, il est récompensé par le titre de meilleur jeune de cette édition de la Grande Boucle. Tout juste peut-il regretter d'avoir été privé d'un maillot distinctif, le paletot blanc ayant été supprimé par les organisateurs. Les observateurs avisés font de lui l'avenir du cyclisme français, d'autant qu'en octobre il s'adjuge avec la manière la victoire dans le Tour de Lombardie. Là, la belle mécanique va malheureusement s'enrayer. Dès la saison suivante, une mononucléose récurrente le tient éloigné des podiums. Malgré un succès obtenu à Valkenbourg sur le Tour de France 1992, Gilles Delion ne retrouvera jamais son niveau. Il finira par jeter l'éponge et quitter le peloton professionnel à l'âge de 30 ans. Amer et lucide quant à l'évolution du cyclisme, il n'hésitera pas à déclarer devant la presse en janvier 1997 : "Je ne vois pas l'intérêt de gagner complètement allumé, ni quelle fierté on peut en tirer. Je suis très attaché à cette notion de pureté dans le sport, sans laquelle il n'y a plus de beauté du geste, plus d'héroïsme." De saines paroles à quelques mois de l'affaire Festina...

HELVETIA sur le Tour de France 1990 :

15ème au classement final (Gilles Delion), 1er au classement du meilleur jeune (Gilles Delion)



vendredi 18 août 2017

1985 : le maillot LA VIE CLAIRE de Bernard Hinault


Opéré du genou en 1983, Bernard Hinault remonte en selle la saison suivante avec le soutien financier de l'homme d'affaires Bernard Tapie. Sous les couleurs de La Vie Claire dont le maillot présente un design moderne inspiré de l'oeuvre de Mondrian, le coureur breton va trouver un adversaire de taille sur sa route : Laurent Fignon. Dauphin de son cadet sur l'édition 1984 de la Grande Boucle, celui que l'on surnomme "le blaireau" se retrouve complètement sur les routes transalpines en remportant d'abord le Tour de Lombardie puis le Tour d'Italie. L'horizon d'un cinquième succès semble alors dégagé pour Hinault, d'autant plus que Fignon déclare forfait à la veille du grand départ à Plumelec. Là, la démonstration de force du champion français va pouvoir commencer : lauréat du prologue, il domine largement ses adversaires lors du premier grand rendez-vous contre la montre disputé entre Sarrebourg et Strasbourg. En l'espace de 75 kilomètres, Stephen Roche, Charly Mottet et Greg Lemond cèdent plus de deux minutes au nouveau maillot jaune. Ce dernier enfonce le clou lors de la première étape de montagne, en laissant le seul Luis Herrera l'accompagner jusqu'à l'arrivée à Morzine. A mi-tour, la messe semble dite. Et pourtant. Sur le cours Fauriel à Saint-Etienne, terme de la 14ème étape, Bernard Hinault s'accroche dans le sprint avec l'australien Phil Anderson. Jeté à terre, il se relève le visage en sang. On diagnostiquera quelques heures plus tard une fracture du nez. Il faudra alors un courage certain au "blaireau" pour parvenir, malgré un passage à vide dans les Pyrénées, à monter sur la plus haute marche du podium sur les Champs Elysées. A 31 ans, il rejoint alors le club restreint des quintuples vainqueurs du Tour de France. Il demeure, par ailleurs, à ce jour le dernier coureur français à avoir inscrit son nom au palmarès de la Grande Boucle.

LA VIE CLAIRE sur le Tour de France 1985 :

4 victoires d'étapes (Bernard Hinault, Greg Lemond, contre-la-montre par équipes), 1er au classement final (Bernard Hinault), 2ème au classement final (Greg Lemond), 2ème au classement par points (Greg Lemond), 1er au classement par équipes.


dimanche 13 août 2017

2008 : le maillot CAISSE D'EPARGNE de Luis-Leon Sanchez


Héritière des équipes qui ont conduit Pedro Delgado et Miguel Indurain sur la plus haute marche du Tour de France, la formation Caisse d'Epargne, qui bat pavillon espagnol, ne manque pas d'arguments à l'aube de l'édition 2008 de la Grande Boucle. En effet, son leader, Alejandro Valverde, âgé de 28 ans, arrive à maturité pour jouer les tout-premiers rôles au classement général. Le coureur murcien, fraîchement sacré champion d'Espagne, débute d'ailleurs l'épreuve sur les chapeaux de roue en s'adjugeant la 1ére étape qui s'achève au sommet de la côte de Cadoudal à Plumelec. Il en profite pour revêtir le maillot jaune et insuffler à ses coéquipiers une dynamique positive. Parmi ses lieutenants, figure un certain Luis-Leon Sanchez, de trois ans son cadet. Rouleur émérite passé professionnel à 20 ans sous la houlette de Manolo Saiz, ce dernier se montre également à l'aise sur les terrains accidentés. Aussi, le voit-on à l'attaque lors de la 7éme étape disputée dans le Massif Central, entre Brioude et Aurillac. Accompagnés de ses compatriotes Jufre et De la Fuente ainsi que du jeune espoir italien Nibali, il franchit le sommet du Pas de Peyrol avec une avance d'une minute et trente secondes sur le groupe des favoris. Dans les faubourgs d'Aurillac, alors que le peloton se rapproche dangereusement, il fait montre d'une belle science de la course en plaçant une attaque à 5 kilomètres de l'arrivée au nez et à la barbe de ses deux concurrents de l'équipe Saunier Duval. Sur la ligne, il peut savourer ce premier succès sur le Tour de France qui en appellera d'autres en 2009, 2011 et 2012.

CAISSE D’EPARGNE sur le Tour de France 2008 :

2 victoires d'étapes (Alejandro Valverde, Luis-Leon Sanchez), 9ème place au classement final (Alejandro Valverde)


mercredi 9 août 2017

1995 : le maillot MG-TECHNOGYM de Fabio Baldato


Toujours présent dans le peloton en tant que directeur sportif de la formation BMC, Fabio Baldato a connu les honneurs d'une longue carrière professionnelle de 1991 à 2008. Sprinter doté d'une belle pointe de vitesse, excellant notamment lors des arrivées en côte, il était écrit qu'il brillerait sur les routes du Tour de France. Lors de l'édition 1995 de la Grande Boucle, le coureur italien va connaître en l'espace de quelques jours à peine les joies du podium et un douloureux abandon. Lors de la 1ère étape disputée sous la pluie entre Dinan et Lannion, il profite habilement du travail préparatoire de la formation Mercatone Uno de Mario Cippolini qui vient s'écraser au pied de la côte d'arrivée. Dans la roue de Laurent Jalabert, qui convoite la maillot jaune, Fabio Baldato fait parler son punch et s'impose d'une longueur, faisant briller les couleurs de sa formation MG Technogym au maillot bleu et blanc frappé d'une pomme rouge. Trois jours plus tard, il est encore un acteur majeur du final dans les rues du Havre lorsque, à 2 kilomètres de la ligne, une terrible chute l'envoie à terre en même temps que Nelissen, Abdoujaparov et Jalabert. Touché au visage, la bouche en sang, il remonte courageusement en selle pour terminer l'étape. Mais l'aventure tourne court dès le lendemain et il doit mettre pied à terre peu après le départ de Fécamp, terrassé par d'insupportables douleurs dentaires. Athlète élégant et dur au mal, au mental forgé dans les classiques où il collectionne les accessits, Fabio Baldato s’offrira, un an plus tard, sur les Champs Elysées la plus éclatante des revanches en remportant une victoire de prestige sur la plus belle avenue du monde.

MG TECHNOGYM sur le Tour de France 1995 :

2 victoires d'étapes (Fabio Baldato, Maximillian Sciandri), 33ème au classement final (Alberto Elli)


samedi 5 août 2017

1991 : le maillot BUCKLER de Jelle Nijdam


Le cyclisme est bien souvent une affaire de famille. Nombreux sont ceux qui ont incarnés pour leur progéniture un modèle à suivre. C'est le cas du néerlandais Henk Nijdam, professionnel dans les années 60, dont le fils Jelle va s'imposer comme l'un des coureurs les plus talentueux de sa génération. En treize années au sein de l'élite du peloton international, il remportera la bagatelle de 101 victoires, dont un grand nombre de contre-la-montre. Titré champion des Pays-Bas de poursuite dès la catégorie des juniors, Jelle Nijdam brille essentiellement par ses qualités de rouleur. Son explosivité fait merveille dans les prologues et, ainsi, le voit-on revêtir le maillot jaune du Tour de France dans les rues de Berlin en 1987, à l'âge de 24 ans. Couvé par Jan Raas, il profite également d'un collectif homogène, d'abord sous les couleurs de Kwantum et Superconfex puis de Bückler. Son palmarès s'enrichit notamment de succès de prestige dans les classiques, comme l'Amstel Gold Race en 1988 ou Paris-Tours en 1989. Six succès d'étapes viennent également marqué de façon indélébile son passage sur la Grande Boucle. Mettant à profit ses qualités de poursuiteur, Jelle Nijdam s'impose comme un redoutable finisseur. Sa victoire dans les rues de Valenciennes en 1991 est un modèle du genre. Menant le peloton à vive allure pour le compte de son sprinter Eric Vanderaerden, il se détache sous la flamme rouge avant de résister à la meute lancée à ses trousses. "Tout le monde sait que je procède ainsi mais, quand j'ai pris dix ou vingt mètres dans le dernier kilomètre, tout le monde sait aussi qu'on ne peut plus rien." déclare-t-il, goguenard, au pied du podium protocolaire. Des propos lucides pour illustrer sa marque de fabrique, jamais égalée depuis.

BUCKLER sur le Tour de France 1991 :

1 victoire d'étape (Jelle Nijdam), 26ème au classement final (Steven Rooks)


mardi 1 août 2017

1998 : le maillot CASINO de Jacky Durand


Soutenu par le groupe Casino, gérant une importante chaîne de supermarchés, le manager Vincent Lavenu fait évoluer une formation créée en 1992 vers l'élite mondiale. Aux côtés du sprinter estonien Jaan Kirsipuu, il peut dorénavant compter sur l'expérience de coureurs chevronnés comme l'Italien Alberto Elli ou le Suisse Pascal Richard. Mais, lors de la Grande Boucle 1998, c'est grâce au Danois Bo Hamburger, maillot jaune pendant deux jours, et surtout au Français Jacky Durand, infatigable baroudeur, que les couleurs de l'équipe basée à Chambéry vont briller en tête de la course. Féru des échappées au long cours, le natif de Ballots dans la Mayenne est un digne successeur des frères Madiot. Lauréat surprise du Tour des Flandres en 1992, il compte également à son palmarès deux titres de champion de France et deux étapes sur le Tour de France. En 1998, alors que les médias se font l'écho de l'affaire Festina, il fait montre d'une santé éclatante en se lançant dans des raids ambitieux sur les routes irlandaises lors de la 1ère étape vers Dublin ou lors de la 4ème étape vers Cholet. Mais, à chaque fois, les équipes de sprinters condamnent irrémédiablement ses initiatives. Qu'à cela ne tienne, la troisième tentative sera la bonne. Au lendemain d'un contre-la-montre éprouvant pour une bonne partie du peloton, il prend place au sein d'un groupe d'échappés au sein duquel l'Italien Andrea Tafi fait figure d'épouvantail. Ce dernier paraît sûr de son fait. Trop sans doute car il va pêcher par excès de confiance. Après avoir contré un démarrage d'Eddy Mazzoleni sous la flamme rouge, il lance le sprint en costaud à 300 mètres de la ligne d'arrivée. Une aubaine pour Jacky Durand qui, vent de face, profite de l'abri dans le sillage de l'Italien avant de le passer à quelques encablures du terme de l'étape. C'est un nouveau succès de prestige pour le coureur français qui sera également désigné comme le super-combatif de cette édition de la Grande Boucle.

CASINO sur le Tour de France 1998 :

2 victoires d'étapes (Jacky Durand, Rodolfo Massi), 15ème au classement final (Bo Hamburger), 1er du classement de la combativité (Jacky Durand)