vendredi 29 septembre 2017

1988 : le maillot CHATEAU D'AX de Gianni Bugno


Dans le final de la 18ème étape du Tour de France 1988, un jeune italien âgé de 24 ans crève l'écran. Gianni Bugno, pensionnaire de l'équipe Chateau d'Ax, appartient à un groupe d'échappée où figurent des éléments expérimentés comme Julian Gorospe, Bruno Leali ou Martial Gayant. A 6 kilomètres de l'arrivée à Limoges, au culot, il profite d'une ultime ascension pour se détacher irrésistiblement. Seul le belge Jan Nevens parvient à prendre sa roue. Mais il y a une classe d'écart entre le style heurté du coureur d'outre Quiévrain et le natif de Brugg qui semble pédaler dans du velours. Au sprint, Gianni Bugno s'en va remporter logiquement sa première grande victoire internationale. Le directeur sportif Gian-Luigi Stanga ne tarit pas d'éloges à propos de son poulain qu'il désigne comme un furioclasse et un grand champion en devenir. L'avenir lui donnera raison. La saison 1990 voit Gianni Bugno devenir numéro un mondial après avoir remporté la classique Milan San Remo et avoir porté le maillot rose de bout en bout sur le Giro. Vainqueur à l'Alpe d'Huez sur la Grande Boucle qu'il achève au 7ème rang final, le nouveau leader du cyclisme italien semble prendre date pour les éditions suivantes. Là, il devra néanmoins déchanter, barré par la domination en contre la montre de l'extraterrestre Miguel Indurain et par une rivalité naissante avec son compatriote Claudio Chiapucci. Deuxième en 1991, troisième en 1992, Bugno sera néanmoins sacré deux fois champion du monde sur route avant de tirer sa révérence par un éclatant succès sur le Tour des Flandres. Discret et réservé, doté de qualités physiques exceptionnelles, l'athlète à l'éternel regard azur aurait sans doute mérité, au moins une fois, de figurer au palmarès du Tour de France.

CHATEAU D'AX sur le Tour de France 1988 :

2 victoires d'étapes (Valerio Tebaldi, Gianni Bugno), 62ème au classement final (Gianni Bugno)



vendredi 22 septembre 2017

2000 : le maillot BANESTO d'Alex Zülle


Après la retraite sportive de Miguel Indurain, l'équipe de José Miguel Echavarri, parrainée par une banque espagnole, se cherche désespérément un leader capable d'atteindre la plus haute marche sur le podium du Tour de France. Abraham Olano ayant montré précocement ses limites, les espoirs de succès sur la Grande Boucle se reporte sur Alex Zülle. Le grand Suisse à l'allure dégingandée et aux lunettes de myope présente, en effet, un beau palmarès dans les courses à étapes. Lauréat du Tour d'Espagne en 1996 et 1997, ses aptitudes en montagne et ses qualités de rouleur lui ont également permis d'être le dauphin, sur les Champs Elysées, du "roi Miguel" en 1995 et du "miraculé" Armstrong en 1999. Au moment du grand départ du Futuroscope, le natif de Wil, déjà âgé de 32 ans, sait qu'il joue son ultime carte. Le moment de vérité a lieu lors de la 10ème étape qui s'achève sur les hauteurs d'Hautacam, dans les Pyrénées. A un premier démarrage de Marco Pantani répond une accélération de Lance Armstrong. Alex Zülle se porte aussitôt dans la roue des deux hommes. Il fait illusion pendant quelques centaines de mètres avant de se rasseoir. Sous la pluie, il concède au sommet près de trois minutes au coureur texan et perd là ses dernières illusions. Atteint par une sinusite, il n'est plus que l'ombre de lui-même alors que se révèle son jeune équipier Fransisco Mancebo qui porte la tunique de meilleur jeune. Relégué à un quart d'heure à Briançon, le grand rouleur suisse abrège son calvaire dans le col des Mosses quelques kilomètres à peine après le départ de la 17ème étape. Désabusé, il se confie aux journalistes : "C'est la première fois que je me préparais pour un objectif unique. Mais c'est aussi la dernière fois..." Des paroles prémonitoires. Zülle ne brillera plus sur les grandes courses. Tout juste, parviendra-t-il en 2002 à remporter le Tour de Suisse avant de tirer sa révérence...

BANESTO sur le Tour de France 2000 :

1 victoire d'étape (Vicente Garcia-Acosta), 9ème place au classement final (Francisco Mancebo), 1er au classement du meilleur jeune (Francisco Mancebo)


vendredi 15 septembre 2017

1996 : le maillot ROSLOTTO - ZG de Piotr Ugrumov


Pour la saison cycliste 1996, le sponsor italien ZG Mobili, qui vient de recruter Maurizio Fondriest ancien champion du monde (1988) et vainqueur de Milan-San Remo (1993), reçoit le soutien de capitaux étrangers. L'arrivée de la loterie nationale russe permet à la formation dirigée par le jeune retraité des pelotons, Moreno Argentin, de compter dans ses rangs Piotr Ugrumov. Désigné leader pour les courses par étapes, le natif de Riga, âgé de 35 ans, est nanti d'une solide expérience en la matière. Après une carrière amateur qui l'a vu briller sur les routes de la Course de la Paix et remporter la version open du Circuit de la Sarthe, le letton est monté à trois reprises sur le podium d'un grand tour. En 1994, il fût d'ailleurs le seul à tenir la dragée haute à Miguel Indurain sur les routes de la Grande Boucle, remportant au passage deux étapes, dont un contre la montre avec plus de deux minutes d'avance sur le champion navarrais, avant de terminer deuxième au classement final. Deux ans plus tard, son programme ambitieux vise à le faire doubler Giro et Tour de France. En Italie, Ugrumov échoue de peu au pied du podium, malgré son acharnement à animer les étapes de montagne. En juillet, fort du soutien de l'ancien maillot jaune Pascal Lino et du jeune espoir Paolo Savoldelli, il tente de sortir son épingle du jeu, notamment dans les Alpes où on le voit à la lutte pour la chasse aux points du maillot de meilleur grimpeur. Là, cependant, il ne parviendra pas à hausser son niveau, demeurant un cran en dessous des coureurs de Telekom et Festina. Avec du recul, son parcours professionnel apparaît difficile à juger. Doué de véritables qualités de rouleur et d'escaladeur, Piotr Ugrumov paie encore, à posteriori, son passage dans les rangs de la sulfureuse équipe Gewiss et ses relations avec le trop fameux docteur Ferrari...

ROSLOTTO - ZG sur le Tour de France 1996 :

7ème place au classement final (Piotr Ugrumov)


vendredi 8 septembre 2017

1984 : le maillot PANASONIC - RALEIGH d'Eric Vanderaerden


En 1984, la firme japonaise Panasonic s'associe au mythique fabricant de cycles Raleigh, dont l'équipe domine le peloton professionnel depuis la fin des années 70. Grâce à ce nouveau sponsor, le manager hollandais Peter Post va pouvoir renforcer une formation qui compte déjà dans son effectif des éléments aussi brillants que Peter Winnen, Henk Lubberding ou Bert Oosterbosch, vainqueurs à plusieurs reprises sur les routes de la Grande Boucle. Le recrutement de l'australien Phil Anderson et du belge Eric Vanderaerden marque une volonté de rajeunir les cadres de l'équipe après le départ de son leader historique, Jan Raas. Passé professionnel l'année précédente à l'âge de 21 ans, Eric Vanderaerden a réussi l'exploit de remporter le prologue du Tour de France ainsi que deux étapes sur le Tour d'Espagne. Un avenir brillant semble s'ouvrir pour celui qui se pare du maillot de champion de Belgique quelques jours avant le grand départ en région parisienne. Là, le prodige belge connaît une première désillusion en étant battu dans le prologue par Bernard Hinault. Dans les étapes suivantes, il tente de jouer la gagne lors des arrivés massives mais doit régulièrement subir la loi de son compatriote Franck Hoste qui s'impose à trois reprises et se pare du maillot vert. Au pied des Pyrénées, le moral en berne, Vanderarden parle d'abandonner la course. Son manager lui répond laconiquement : "Tu ne peux pas gagner au sprint. Tente ta chance, car tu as la classe." Paroles prophétiques. Le lendemain, vers Pau, le champion de Belgique s'isole en tête à 25 kilomètres de l'arrivée en compagnie de Diercickx, qu'il n'a aucun mal à devancer sur la ligne. Cette première victoire en annonce une autre, plus prestigieuse, conquise de haute lutte sur les Champs Elysées devant tout le gratin du sprint mondial. Au soir du Tour de France 1984, Peter Post peut se féliciter d'avoir encourager son coureur qui ajoutera bientôt à son palmarès un maillot vert sur la Grande Boucle (1986) et deux monuments du cyclisme : le Tour des Flandres (1985) et Paris-Roubaix (1987).

PANASONIC - RALEIGH sur le Tour de France 1984 :

2 victoires d'étapes (Eric Vanderaderden), 10ème au classement final (Phil Anderson)


vendredi 1 septembre 2017

2004 : le maillot FASSA BORTOLO de Filippo Pozzato


A l'horizon 2000, le "sorcier" Ferreti, après avoir dirigé les formations Ariostea et MG Technogym, trouve un partenaire de poids par l'entremise d'une firme italienne spécialisée dans les produits du bâtiment. L'équipe Fassa Bortolo va naviguer pendant cinq années en eaux troubles entre les cas de dopage avérés de Dario Frigo et Serguei Ivanov et la révélation de jeunes champions comme Fabian Cancellara et Filippo Pozzato. Originaire de Vénétie, ce dernier est passé professionnel à l'âge de 20 ans. Il s'est rapidement distingué sur les podiums en remportant notamment, dès 2003, le classement général de Tirreno Adriatico. Un an plus tard, Ferreti lance sa petite pépite italienne sur les routes du Tour de France avec, pour objectif, de contribuer au train du sprinter maison Alessandro Petacchi. Là, celui-ci abandonne au matin du sixième jour de course, laissant les coudées franches à son jeune équipier qui ne manquera pas rapidement de se mettre en valeur. Sur la route de Saint-Brieuc, terme d'une 7ème étape disputée en Bretagne, la course est agitée par des bordures et de nombreuses attaques. A 5 kilomètres du terme de la journée, Filippo Pozzato met à profit un petit raidillon pour s'extraire du peloton en compagnie des espagnols Iker Flores et Francisco Mancebo. Doté d'une belle pointe de vitesse, le coureur italien devance largement ses rivaux sur la ligne d'arrivée, où il remporte un premier succès d'étape sur la Grande Boucle. Il récidivera en 2007 dans les rues d'Autun, une saison après avoir triomphé dans l'une des plus belles classiques du calendrier, Milan-San Remo.

FASSA BORTOLO sur le Tour de France 2004 :

3 victoires d'étapes (Fabian Cancellara, Fiippo Pozzato, Aitor Gonzalez), 45ème au classement final (Aitor Gonzalez)